Bhopal’s flowers

Il y a peu de groupe pop sur la scène locale. Bhopal’s flowers vient combler ce vide, avec une musique accrocheuse et un univers décalé bien à lui. Il sort son deuxième album, Daydreamers, à découvrir dans plusieurs salles de concert de la région.

A la tête de Bhopal’s flowers, on retrouve Lionel Pezzano, 30 ans, mulhousien globe-trotter, multi-instrumentiste et mélomane éclectique. Après deux ans à Montréal, entrecoupés de voyages aux Etats-Unis, il a fondé en 2011 ce groupe à géométrie variable, composé de 8 membres actuellement : « Dans mes précédentes expériences, j’ai investi 90% de mon temps, et pour des raisons professionnelles, humaines ou logistiques, le projet pouvait capoter. Maintenant, je veux tout gérer, être le capitaine du vaisseau, j’envoie les compos, les textes aux musiciens. Pour l’enregistrement, je fais appel au batteur et guitariste », confie l’artiste.


Avec son nouvel album, Daydreamers, le groupe s’amuse sur plusieurs registres : Another day, un trip planant avec un son synthétique et vintage, Girls Dancing, du rock’n roll à la Jerry Lee Lewis, Bollywood scene et son solo de saxo très ska. « J’aime ce côté décalé, j’ai toujours été dans la musique sérieuse, assez sombre et expérimentale, presque de manière religieuse. Là, j’ai commencé à me marrer en ayant un groupe. On fait des titres simples qui envoient, où on n’a pas le temps de s’ennuyer », explique Lionel Pezzano. Pour les textes, il s’inspire d’événements personnels, souvent des portraits fantaisistes. « Daydreamers, c’est l’idée du banquier qui regarde par la fenêtre alors qu’il devrait faire des comptes sur son ordinateur. Ce sont tous ceux qui ont gardé des yeux d’enfants, mais jouent quand même le jeu de la vraie vie. »


Sur scène, Bhopal’s flowers ressemble à un grand orchestre, avec son noyau dur guitare, basse, batterie, auquel viennent s’ajouter claviers, piano, saxo, trombone et trompette : « C’est dur de faire jouer des cuivres dans un groupe de musique amplifiée, mais c’est un truc irrésistible. J’aime beaucoup la musique classique, le jazz, la musique savante et orchestrée », indique celui qui a suivi une licence de musicologie, après des études de… chauffagiste. Si l’album semble si abouti, et riche en arrangements, il le doit bien à Lionel Pezzano, ce boulimique de musique...

De la guitare au sitar

Adolescent, il apprend la guitare au collège et s’essaye à tout : la country, le blues, le rock n roll, la variété… Tonton lui donne des cassettes d’AC/DC ou de Trust. Maman, d’origine algérienne, et Papa, d’origine italienne, un goût pour les musiques traditionnelles. Mais l’Inde l’attire irrésistiblement et il veut étudier le sitar. Sur E-bay, l’instrument le plus approchant et le plus accessible est un séthar iranien. Il l’achète et prend des cours avec un brocanteur iranien installé à Schiltigheim. Quand il a un peu plus d’argent, il investit dans un sitar mais un professeur de musique lui dit que c’est sur place que cela s’apprend : « J’ai pris un billet d’avion pour Calcutta avec 90€ en poche pour deux mois. On fait du sitar tout la journée, avec une position au sol qui fait mal aux jambes, avec un travail très rébarbatif qui cisaille les doigts. La philosophie de cet apprentissage, c’est un peu : apprends à marcher avant d’apprendre à courir. Il y a une relation de maître à disciple, et c’est la seule façon d’apprendre. »

Entre deux voyages en Asie et en Amérique, le nom de Bhopal’s Flowers émerge, référence à cette ville indienne touchée par une catastrophe industrielle qui a fait des dizaines de milliers de morts en 1984 : « C’est une zone où je n’irai pas planter des patates, mais on m’a dit récemment que les premières choses qui repoussaient là-bas étaient les fleurs. Il y a un côté positif, un espoir... » Comme les paroles tristes, sur des musiques entrainantes.

En première partie de Manu (Dolly).

Renseignements

Atelier de Renato Montanaro, 36 rue de Brunstatt 68200 Mulhouse

06 58 80 81 29
ou bhopalsflower@gmail.com

Tarifs :

Entrée libre (sur réservation)

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