Jusqu'au 28/06/2015
La Fondation Beyeler aura mis six ans à préparer cette exposition consacrée à Paul Gauguin, réunissant une cinquantaine d’œuvres en provenance de 13 pays, la plus grande organisée en Suisse depuis 60 ans.
Ce n’est pas le Gauguin impressionniste qui sera présenté ici, pas le « peintre du dimanche » qui emboîte le pas de son mentor Pissarro ou le collectionneur qui acheta les œuvres de Manet, Monet, Renoir, Sisley, Degas ou Cézanne. Non, c’est celui qui a décidé de plaquer une vie rangée et confortable pour se consacrer entièrement à son art, à l’âge de 38 ans.
Pour fuir la vie parisienne, Gauguin se rend une première fois à Pont-Aven en 1886, une ville de Bretagne qui attire une quantité de peintres à la fin du XIXe siècle. Avec Emile Bernard, il y fonde un nouveau courant, le synthétisme, allant vers une simplification des formes, utilisant des aplats de couleurs pures, sans modelés et perspectives. Son chef d’œuvre La Vision après le sermon témoigne de cette rupture avec l'impressionisme.
Mais l’aventurier Paul Gauguin, qui a vécu au Pérou et travaillé dans la marine marchande dans sa jeunesse, veut reprendre le large « pour être débarrassé de l’influence de la civilisation », et retrouver une sorte de paradis perdu. Il embarque dès 1891 pour la Polynésie française, séjourne à Tahiti puis finit sa vie aux îles Marquises, dans la « maison à jouir »
Sur place, il mène un travail presque d'ethnologue, se passionnant pour le culte maori et les arts dit « premiers », bien avant tout le monde. Cela se voit notamment dans ses sculptures, comme Oviri, en grès cuit, une divinité tahitienne dont le nom signifie sauvage et qui nous parle de la mort : une pièce exceptionnelle prêtée par le Musée d'Orsay.
Dans ses toiles, Paul Gauguin s'enthousiasme pour un monde authentique et préservé, avec des femmes indolentes et sensuelles, des paysages harmonieux et idylliques, affûtant un style unique alors : une explosion de couleurs.
Une apparente simplicité qui ne doit pas faire oublier les nombreux symboles magiques et religieux de ses oeuvres, traduisant son interêt constant pour les grands mythes et mystères de la vie.
Des tableaux qui ont fasciné les fauves et les expressionnistes, et qui fascinent encore aujourd’hui bien au-delà du cercle des amateurs d’art.
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