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Taysir Batniji - Diplopie

Avec Diplopie, l’artiste palestinien Taysir Batniji nous oblige à regarder ses images à deux fois, pour en comprendre le sens véritable. A voir (attentivement) à l’Espace André Malraux à Colmar

L’exposition Diploplie de Taysir Batniji, artiste palestinien de 50 ans, rassemble une quinzaine de travaux réalisés entre 2001 et aujourd’hui, sur différents médiums (photos, dessins, installations, papier peint…) La diplopie est un trouble de la vue qui fait voir les choses en double, mais il s’agit plutôt ici de regarder attentivement les images qui jouent sur le double sens, l’erreur de perception et donc d’interprétation.

La guerre qui surgit au milieu des motifs

En entrant dans l’exposition, le spectateur découvre des lés de papier peint, juxtaposés les uns aux autres. De loin, on a l’impression d’avoir affaire à des motifs géométriques et décoratifs, qui pourraient faire joli dans le salon.

De près, on découvre une tout autre réalité : des avions de chasse, des soldats qui évacuent un blessé, un terroriste qui sort d’une voiture…

Les conflits se télescopent : voici l’homme au tank de Tian'anmen, puis un membre du Ku Klux Klan ou encore la marche réunissant les chefs d’Etat du monde entier à Paris après les attentats de Charlie Hebdo.

Des images qui ont tourné en boucle sur les télévisions ou qui font partie des livres d’histoire que l’on ne regarde plus vraiment : et c’est là toute la force de Taysir Batniji, nous obliger à regarder la réalité en face et de réfléchir peut-être un peu plus au sens de l’histoire.

Le conflit israélo-palestinien au coeur de l'expo

Evidemment, le cœur de Taysir Batniji bat pour la Palestine, et il évoque régulièrement le conflit israélo-palestinien dans son art. Sa série de 20 tirages reprenant le modus operandi des annonces immobilières fait froid dans le dos, puisque ce ne sont pas des chouettes maisons à vendre, mais des bâtiments en ruine, avec leur descriptif cinglant : « Premier étage : vide ou incomplet. Lumineux ».

Plus loin, son mur des martyrs, recouvert de 177 portraits de Palestiniens tués par l’armée israélienne pendant la 2e intifada, fait forte impression : ces visages sérigraphies noir sur noir se révèlent et s’éclipsent selon la lumière et le déplacement du spectateur.

Dans la série To my brother, dédié à son frère tué par un sniper israélien lors d’une manifestation, le dessin aussi se dérobe aux yeux du spectateur : ces gravures sans encre sont quasi imperceptibles, il faut retrouver la trace laissée par la pointe.

« Les oeuvres de Taysir Batniji, peu discernables par le zappeur, réintroduisent le temps de la lecture, du décryptage, peut-être même aussi de la mémoire », souligne avec justesse Sophie Jaulmes, qui a rédigé le fascicule de l’exposition. ☛ S.B

Renseignements

Espace d'Art Contemporain André Malraux - Colmar 68000 Colmar

03 89 24 28 73

Dates et horaires :

Du Samedi 16 Janvier 2016 au Dimanche 28 Février 2016 du Mardi au Samedi de 14h à 19h, Dimanche de 14h à 18h

Tarifs :

Entrée libre

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