Publicité

Stéphane Guillon : Certifié conforme

Amis du corrosif, bonsoir ! Stéphane Guillon, bien connu pour ses billets incisifs sur l’actualité chez Ardisson (et anciennement sur France Inter) revient avec un tout nouveau one man show grinçant intitulé : « Certifié Conforme ». Allô, Stéphane ? Nous avons quelques questions pour vous !

JDS : Votre nouveau spectacle a un peu plus d’un mois d’existence. La politique est toujours votre sujet favori ?

S. Guillon : Oui, mais je parle aussi beaucoup de sujets de société, la famille, le mariage, la religion, le droit ou non de rire de tout... La société est de plus en plus frileuse, il est interdit de rire des croyances, du physique, des ethnies, de la mort... Ok. Alors, on rit de quoi ? Je cite souvent une phrase de Beaumarchais pour illustrer ma pensée : « Je m’empresse de rire de tout de peur d’être obligé d’en pleurer ».

Vous avez écrit le spectacle d’une traite puis avez déclaré à votre femme que c’était votre meilleur. Vous confirmez ?

(Rires) Oui, l’écriture a été moins douloureuse que prévu. Je n’ai mis que cinq mois à l’écrire, c’est très peu, j’étais en veine. Ce spectacle se tient, il a une vraie progression, il est rond. Je n’avais plus écrit depuis trois ans : ça m’a permis de respirer. Il faut aussi dire que l’actualité est assez chargée.

Un humour sans mettre les doigts dans la prise, c’est inconcevable pour vous ?

Pour moi, le rire doit être clivant. Ça me ferait chier d’être l’humoriste préféré des Français, quelque chose comme ça... Bien sûr, on a envie que les salles soient pleines quand on fait ce métier. Mais l’humour que je défends doit dire des choses. Avec des sujets qui n’en sont pas forcément, comme ce sketch que je fais sur la fin de vie et cette terrible histoire autour de Vincent Lambert. Vous me direz que c’est mission impossible de faire rire avec ce sujet tragique ; mais non, les gens dans la salle rient. Je sens qu’ils sont presque contents que j’en parle, parce que ça concerne tout le monde, on a tous peur d’être un jour confronté à une telle situation. C’est un rire interdit. Donc un rire nécessaire.

Vous utilisez régulièrement les réseaux sociaux. Paradoxalement, ne trouvez-vous pas qu'ils contribuent à une certaine pensée unique et à la culture de la petite phrase ?

J'adore balancer un truc sur Twitter et voir comment les gens réagissent, je les laisse se déchirer entre eux, ça m'amuse. Nous sommes dans la société du buzz, dans la société où il faut tout commenter, et tout de suite. On a des milliers d'amis, de followers, mais qui connaît-on vraiment ? C'est dommage parce que Twitter peut être formidable si on sait l'utiliser, c'est un exercice intéressant : diffuser des mots d'esprit où la pensée doit être concise, claire. Quand ça part en déversoir, ça devient rapidement de la folie. Je trouve qu'on crie beaucoup au loup ces derniers temps, qu'on met un peu tout le monde dans le même sac et c'est hyper grave : on ne sait plus distinguer les choses dangeureuses des choses futiles.

Vous faites un sketch sur votre propre peur d’aborder le sujet épineux de la religion. Depuis Charlie, avez-vous le sentiment d’exercer un métier plus périlleux qu’avant ?

Clairement, oui. Pour moi, la donne a changé. Si on peut mourir pour un dessin, on peut aussi mourir pour un trait d’esprit. Dans le spectacle, je me moque de mon hypocrisie, de cette peur d’avoir en face de soi la barbarie, mais est-ce qu’on a vraiment envie de vivre comme ça... Il faut trouver des pirouettes. Comme le sketch qui s’appelle : « Rien sur Mahomet ».

Votre retour sur Canal+ chez Ardisson à la rentrée était-il prévu ? Ou c’est juste pour emmerder Bolloré ?

Ce n’était pas prévu, mais c’est assez logique d’être à la télé au moment où je tourne avec mon nouveau spectacle : c’est une vitrine. Dans Salut Les Terriens, personne ne lit mes papiers avant que je ne les fasse. C’est moi qui décide d’enlever tel ou tel passage au montage si je les trouve moins bons. Si on m’empêche de travailler en m’ôtant la liberté de ton qui me permet d’être drôle, je pars. Mais là, on me fiche une paix royale !

☛ Propos recueillis par Mike Obri

Renseignements

La Maison du Peuple - Belfort 90000 Belfort Music For Ever Production

03 84 21 39 19

Dates et horaires :

Mercredi 11 Mai 2016 à 20h30

Tarifs :

40/42€

Dans la même rubrique

Besoin d'idées sorties dans votre ville ?


Publicité

Abonnez-vous à la newsletter du JDS Belfort

Retrouvez chaque semaine nos bons plans sorties à Belfort

Publicité