Une chose est sûre : quand on associe les termes biologie et gastronomie dans une même phrase, la réaction de vos interlocuteurs est souvent identique. Ils font la moue. Se méfient. Il faut alors expliquer clairement les tenants et les aboutissants. « Ce que nous faisons à l'INRA ? Nous mettons en oeuvre des moyens modernes pour améliorer la vigne. C'est évident, il y a une sacralisation de cette plante en particulier. Le vin, c'est noble, donc on n'y touche pas ! », s'amuse Frédérique Pelsy, la directrice de l'Institut National de la Recherche Agronomique implanté à Colmar. Le centre s'est spécialisé dans la santé de la vigne et la qualité du vin. Alsace oblige ! Les recherches se font en étroite collaboration avec le CIVA (le Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace) et d'autres acteurs du monde de la viticulture.
© M.O. La présidente de l'INRA Colmar, Frédérique Pelsy et Grégory Lemarquis, en charge de la cave maisonPourquoi entend-on peu parler des travaux de l'INRA ? « Il n'y a rien de secret ici : nous organisons même des portes ouvertes le 4 septembre ! Au contraire, on cherche à faire connaître les résultats de nos recherches. Nous n'avons pas de service de communication dédié, c'est peut-être pour ça qu'on nous trouve discret », explique tout sourire Frédérique Pelsy.
Grande question. Sur quoi portent les travaux de la centaine de permanents de l'INRA ? Le sujet est complexe mais on va simplifier. L'INRA a trois buts dont une mission de conservation et de connaissance scientifique de la vigne - mais nous y reviendrons plus tard. Son premier objectif, fondamental, est d'imaginer des solutions pour une viticulture durable, avec un recours aux pesticides beaucoup plus limité qu'aujourd'hui. Enfin, l'INRA se penche sur la question du réchauffement climatique et de l'adaptation de la vigne aux nouveaux climats. Pour que les vignes soient plus résistantes aux attaques dont elles font l'objet, il n'y a pas cinquante solutions. Il faut qu'elles soient porteuses de gênes de résistance. Deux cas très différents sont à isoler.
« D'un côté, vous avez les maladies fongiques de la vigne : le mildiou et l'oïdium. Là, les solutions existent déjà dans la nature, des ceps y résistent mieux que d'autres. On analyse pourquoi et on réalise des hybridations pour obtenir des vignes plus résistantes à la maladie. Au final, vous aurez des vignes qu'il faudra traiter une ou deux fois avec des produits phytosanitaires, au lieu de dix ou quinze fois actuellement, voire vingt-cinq fois dans le Bordelais », détaille Frédérique Pelsy.
« Deuxièmement, vous avez les maladies virales, comme le court-noué, qui est un virus répandu et très dévastateur pour la vigne. Là, c'est plus complexe, car il n'y a pas de solution naturelle : il faut donc inventer des solutions technologiques. Cela passe par le génie génétique. Mais ça ne sort pas de nos laboratoires car nous n'en sommes qu'au début. Alors que pour les solutions fongiques, c'est l'inverse : nous allons faire inscrire cette année au catalogue deux blancs et deux rouges. Des vignes expérimentales, qui n'ont pas encore de nom mais qui pourront être plantées en France, hors AOC ».
Sur un registre plus léger, sachez que le centre de Colmar fait office de conservatoire des cépages alsaciens. Une parcelle à Bergheim est en effet plantée de toutes les variations variétales. On parle alors de clones, mais c'est tout à fait usuel en viticulture. On y trouve des cépages oubliés comme le Knipperlé, mais aussi 200 clones de Riesling, 200 clones de Pinots, 80 variations de Klevener...
Le truc rigolo, c'est que tout est vinifié à part. Production annuelle : 30 000 cols. Dommage, les micro-productions de vins expérimentaux ne se goûtent pas. Snif. Le reste, en revanche, peut s'acheter sur place. « On a parfois des choses surprenantes en bouche ! », nous lance Grégory Lemarquis, en charge de la cave de l'INRA. Une bouteille de Knipperlé, vous n'en trouverez pas ailleurs. De quoi briller en soirée. La science sert aussi à ça.
Centre INRA de Colmar - www.colmar.inra.fr
Cave ouverte du Lu. au Ve., mais prendre RDV au 03 89 22 49 32
Portes Ouvertes : Ve.4 septembre 2016
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