En flânant dans les rues de Mulhouse, le touriste ou l'habitant tombera nez-à-nez avec l'art, ce qui pourrait bien changer la perception qu'il a de la ville.Et la mairie l'a bien compris, elle qui a lancé il y a dix ans deux programmes ambitieux pour sensibiliser le grand public et donner une visibilité à la création contemporaine.
© Sandrine Bavard Le soudeur d'Yves Carrey dans la rue du SauvageDepuis 2001, la promenade du nouveau bassin est agrémentée d'une œuvre chaque année en moyenne et en compte neuf aujourd'hui, réalisées pour la plupart par des artistes locaux : Anne-Marie Schoen, Françoise Matt-Halm, Alix Vonderweidt... La dernière en date ? Un bulldog en bronze de 2.50 mètres et d'une tonne qui répond au doux nom d'Hector, signé Renato Montanaro, qui ne cachait pas sa joie le jour de l'installation en décembre dernier : « Je rêvais d'un bronze à Mulhouse et si possible monumentale, pour qu'il dure longtemps. J'imagine que l'été les enfants vont monter dessus et cela me plaît énormément. Ce genre d'initiatives, ça fait parler d'un artiste, c'est bien pour la culture. Et avoir sa sculpture dans la ville, ça flatte l'égo de l'artiste évidemment. » Cette promenade des arts doit en quelque sorte boucler la boucle et faire la jonction avec les commandes publiques du tramway - les arches de Buren sur la ligne 2 à l'arrêt Nordfeld- et les commandes publiques de la ville – les monolithes blancs de Jean-Pierre Reynaud en face du Kinepolis.
L'autre programme concerne le centre-ville mais est temporaire : l'installation d'un groupe de trois à quatre œuvres pendant la période estivale, de juillet à octobre. La mairie s'est inspirée d'une initiative privée d'un galeriste mulhousien qui avait entrepris cette démarche en 2000 et qui avait suscité l'enthousiasme des habitants. L'année dernière, c'est l'artiste plasticien Yves Carrey qui a vu ses moutons prendre l'assaut de la ville et même de la fontaine de la place de la Réunion. L'intérêt de ce programme est que la ville conserve une pièce dans l'espace public, située en général dans un endroit passant : vous pouvez voir encore quelques moutons égarés dans la rue de l'Arsenal. Cette année, c'est le tour de Pascal Gangloff d'exposer des pièces figuratives en résine avec des têtes d'animaux, représentant des scènes de vie : aller à l'école, faire du shopping... « Aujourd'hui, ce programme est très attendu par les habitants. Quand je participe à 8h du matin en juillet au montage des pièces, il y a déjà un petit attroupement qui se forme, preuve de l'intérêt et de l'engouement que cela suscite», explique Eric Vincent, chef du service culturel de la ville. C'est ensuite aux habitants de s'approprier les œuvres : s'installer dans le fauteuil club de Véronique Werner en face de la Porte Jeune, caresser le lion fait réalisé à partir de tubes collés de Vincente Blanchard au parc zoologique et botanique...
Qu'on aime ou qu'on aime pas - et après tout l'art est fait pour interpeller, bousculer, faire parler – Mulhouse se montre pour le moins audacieuse en matière d'art contemporain. Et cette audace pourrait bien un jour se montrer payant. C'est en tout cas l'avis d'Eric Vincent : « On sait que le côté maison à colombages et canaux est déjà pris. Mulhouse est une ville post-industrielle, en pleine reconversion, et nous devons jouer sur notre spécificité. Toutes les villes qui ont une politique dynamique par rapport à l'art deviennent attractives pour les gens ».
Quelle a été la politique de la ville pour positionner Mulhouse dans le milieu de l'art contemporain ?
Michel Samuel-Weis, adjoint à la culture à Mulhouse :
« La première étape a été de développer l'école des Beaux-Arts du Quai et l'amener à un niveau national et internationale et créer un tissu d'art contemporain avec des ateliers d'artistes. La deuxième étape a consisté à introduire l'art contemporain dans la ville par des commandes faites à des artistes internationaux (Buren, Lapie, Raynaud...) et en montant des opérations pour présenter le travail des artistes de la région. Troisième étape : nous avons crée une manifestation à vocation internationale pour positionner Mulhouse sur le marché de l'art contemporain, avec Mulhouse 00. Quatrième étape : nous nous sommes dotés d'un lieu d'exposition, avec la Kunsthalle. Et maintenant, nous entrons dans une nouvelle phase : construire un réseau de collectionneur et espérer qu'il y ait assez de galeries d'art pour les contenter. Les gens acquièrent l'envie de collectionner à partir du moment où ils voient des œuvres. »
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