Danses latines : Colmar a ses champions du monde !

Vous en connaissez beaucoup, vous, des champions du monde en titre originaires de Colmar ? Nous non plus... à l’exception d’Elena Salikhova et Charles-Guillaume Schmitt, trois fois couronnés meilleurs danseurs de showdance, une spécialité qui mélange cinq danses latines (samba, rumba, cha cha, passo doble et jive). Ils se produiront le 15 août à la Foire aux Vins. Par Mike Obri

Vous n’avez même pas 25 ans et votre palmarès est déjà prodigieux. Comment cette passion pour la danse est-elle née ?

© M.O. Elena Salikhova et Charles-Guillaume Schmitt, au Champ de Mars à Colmar

Charles : Enfant, mes parents tenaient un stand de pâtisserie à la Foire aux Vins. C’est là que j’ai vu pour la première fois un spectacle de danse latino. Mes parents ont remarqué que j’avais été comme hypnotisé par ce show. Ils m’ont inscrit à un studio de Colmar. Mon professeur d’alors, et qui l’est toujours, Frank Brangbourg, m’a poussé et encouragé, j’ai fait mes premières compétitions vers l’âge de 10 ans. Aujourd’hui, quand je retourne à Colmar, je continue de m’entraîner chez lui, même si on travaille en parallèle avec un grand chorégraphe hollandais.

Elena : Moi, je suis originaire de Russie, où la danse est beaucoup plus développée qu’en France, c’est un héritage culturel. J’ai commencé dès l’âge de 3 ans ! Pourquoi les danses latines… ça, c’était plutôt un hasard. Pour les filles, il y a ce côté « jolis costumes », qui est un peu magique.

Comment s’est passé votre rencontre ?

Charles : Plus jeunes, on se croisait de temps en temps lors de compétitions à l’étranger. Nos entraîneurs respectifs ont repéré que ça pouvait coller entre nous. Nous n’avions que 11 ans. Elena avait déjà un attrait pour la France, elle prenait des cours de français, venait en vacances ici. On en a profité pour faire un essai, qui fut concluant. On avait en commun cette passion de la danse, la volonté de bien faire. On avait un peu de mal à communiquer au début, mais Elena s’est très vite débrouillée en français. Heureusement, parce qu’ado, je ne parlais pas un mot d’anglais…

Elena : J’ai quitté la Russie pour m’installer à Colmar. Mes parents ont déménagé avec moi, c’est une chance, je ne me suis pas retrouvée toute seule. À 11 ans, c’est dur de quitter ses amis, son pays. Mais je me suis rapidement sentie bien ici. J’ai d’ailleurs la double nationalité.

Charles : Choisir des danseuses originaires des Pays de l’Est, c’est quelque chose que l’on voit régulièrement dans le circuit. Cela s’explique par le niveau qu’elles possèdent. Elles ont une technique incroyable. Dans les compétitions, on voit souvent 600 couples russes inscrits, et peut-être 40 couples français…

A quoi ressemble votre quotidien ? Et concrètement, arrivez-vous à gagner votre vie en dansant ?

Charles : On travaille nos chorégraphies 5 à 6 heures par jour, tous les jours. On travaille aussi notre forme, avec du Yoga, du renforcement musculaire. Les voyages nous prennent beaucoup de temps, on est toujours entre deux trains ou un avion.

Elena : Chaque mois, nous prenons part à deux ou trois compétitions, en Chine, au Japon, en Russie, aux Etats-Unis, en Australie... On a fait le tour du monde grâce à la danse latine !

Charles : La Fédération Française nous reverse des primes selon nos résultats. Et nous faisons régulièrement des prestations, des shows, qui nous assurent des revenus. En tant que champions du monde, on est pas mal demandé, donc tout va bien. Mais c’est dommage, on ne se produit presque jamais en Alsace, alors que je suis colmarien… à l’exception de la Foire aux Vins. On essaie aussi de se dégager du temps pour créer des choses nouvelles, évoluer, ne pas stagner. Quelques semaines sans s’entraîner, et vous perdez déjà une partie de votre technique !

À un tel niveau, est-ce qu’on prend encore du plaisir à danser ? Regrettez-vous que la discipline soit peu médiatisée ?

Charles : Je vois la danse comme une manière de m’exprimer. On propose des choses un peu innovantes, des chorégraphies à thèmes. Danser sur les musiques du film The Artist… Se maquiller en statues qui prennent vie… on se fait plaisir. Il est regrettable que la danse ne soit pas plus populaire, même si l’émission Danse avec les Stars a changé un peu la donne. Aujourd’hui, quand on dit qu’on fait du passo doble, les gens voient ce que c’est. Mais la notoriété, on ne la recherche pas plus que ça. C’est plutôt qu’il faut faire naître les vocations. C’est pour ça qu’il faut venir nous voir à la Foire aux Vins cet été !

Show à voir à la Foire aux Vins, à la Halle aux Vins
Sa.15/08/2015 de 15h à 18h