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La saison 2012-2013 à l'Orchestre symphonique de Mulhouse

Interview de Gweenolé Rufet, directeur musical par intérim

Entretien avec Gwennolé Rufet, chef d’orchestre associé depuis 2009 à l’Orchestre symphonique de Mulhouse (OSM), qui assure l’intérim à la direction musicale en attendant l’arrivée de Patrick Davin en 2013. Il a concocté une saison de transition, plus ouverte et surprenante, à découvrir dèsle 21 et 22 septembre lors du concert du 40e anniversaire de l’OSM en tant qu’orchestre régional.

L’Orchestre symphonique de Mulhouse vit une saison de transition, avec le départ de Daniel Klajner en 2012 et l’arrivée de Patrick Davin pour 2013. Comment conçoit-on ce genre de saison ?

Il s’agissait pour moi d’être dans la continuité de ce qu’avait fait Daniel Klajner jusque là, en rajoutant quelques petites touches personnelles. Je poursuis ainsi ce que j’avais mis en place dans les saisons précédentes, par exemple un concert carnaval avec des musiques de films, les concerts famille ou décentralisés. J’essaye aussi de croiser les répertoires, comme lorsque j’avais invité John Lord de Deep Purple pour fusionner musique rock et classique. Il s’agit d’ouvrir les portes des salles de concert au plus grand nombre et de dire qu’elles ne sont pas réservées qu’à une élite ou à des connaisseurs.

Gwennolé Rufet,  directeur musical par intérim, en charge de la programmation 2012 2013 à l\'Orchestre symphonique de Mulhouse Gwennolé Rufet, directeur musical par intérim, en charge de la programmation 2012 2013 à l'Orchestre symphonique de Mulhouse DR

Cette saison, l’ancien et le nouveau directeur viendront diriger des concerts. Cela vous semblait normal de les inviter ?

Daniel Klajner viendra jouer deux concerts, comme il était prévu dans son contrat avec la ville. Il dirigera deux programmes de musique germanique parce que c’est le répertoire qu’il connaît et qu’il ressent le mieux. J’ai demandé à Patrick Davin d’assurer le concert du Nouvel An, parce que c’est le bon moment pour se présenter au public. Il dirigera aussi Les Pêcheurs de Perles pour le compte de l’Opéra national du Rhin.

Vous avez choisi également d'avoir un réel fil conducteur dans chaque programme…

C’est bien d’avoir un concert uniquement de musique française ou russe, mais je trouve plus intéressant d’avoir une grande thématique. Nous avons par exemple en octobre un concert sur la rencontre entre le populaire et le savant, qui permet de confronter des compositeurs qui ont vécu à des époques et dans des pays différents, autour d’une même thématique pour voir comment chacun s’y est adapté selon ses envies et ses possibilités. Pour l’auditeur, cela fait trois à quatre esthétiques différentes à découvrir lors d’une même soirée.

Du coup, cela vous permet de laisser davantage de place à des compositeurs moins connus ?

Oui, ça permet de faire un grand zapping. C’est intéressant de programmer des compositeurs pas très connus du grand public dans ce contexte-là. Par exemple, dans notre programme Sonorités inouïes en février, on entendra Question sans réponse d’Ives, des sonorités très modernes pour l’époque, que personne n’avait jamais entendues avant.

Ces concerts, qui permettent de confronter des esthétiques, se prêtent bien à la pédagogie, non ?

Oui. Avant chaque concert symphonique, il y a toujours les conversations d’avant-concert qui sont faites par un conférencier, qui explique ce que les gens vont découvrir sur scène et le rapport entre les œuvres. Exceptionnellement, pour le premier concert de saison, pour les 40 ans de l’OSM, il y aura Frédéric Lodéon (violoncelliste et animateur entre autres du Carrefour de Lodéon sur France Inter, ndlr) qui fera une explication de texte pendant le concert.

Venons en à ce concert anniversaire pour les 40 ans de l’OSM en tant qu’orchestre régional. Vous avez choisi pour thème les ballets russes. Pourquoi ?

Pour leur esthétique flamboyante et leur côté festif. C’est une orchestration très rutilante, qui met à contribution tous les pupitres de l’orchestre de manière virtuose. Les partitions sont vraiment difficiles, et permettent de mesurer tout le chemin parcouru par l’OSM en 40 ans et le niveau de professionnalisme qu’il a atteint aujourd’hui.

Ce concert sera dirigé par Enrique Mazzola, déjà présent l’an dernier dans la programmation. Les musiciens comme le public souhaitaient le revoir ?

Oui, après chaque concert, il y a un vote de la part des musiciens pour savoir si la collaboration s’est bien passée, et ils ont beaucoup apprécié le travail avec Enrique Mazzola, quelqu’un qui communique très bien, qui est d’une grande simplicité et extrêmement intéressant musicalement. Il y a eu une véritable adéquation entre le chef et l’orchestre, ce qui a provoqué un bel enthousiasme du public. Notre collaboration va mûrir encore et atteindre un niveau artistique plus élevé, ce qui donnera un concert d’anniversaire très sympathique je crois.

Grande première, l’orchestre donnera un concert gratuit le 15 et 16 septembre à la Kunsthalle lié à la nouvelle exposition Tchernobyl on tour d’Elena Costelian. Comment s’est concrétisé ce projet ?

La Kunsthalle a pris contact avec nous et j’ai rencontré Elena Costelian pour voir comment il était possible de mettre un orchestre live dans son exposition. Son installation reproduit une salle du Conservatoire de Pripyat, une ville à côté de la centrale de Tchernobyl, avec un piano renversé, de manière théâtralisée. L’idée est de reconstituer les derniers morceaux joués avant la catastrophe nucléaire. On est parti sur Chostakovitch, compositeur russe à la fois officiel et dissident, qui a sûrement dû être joué dans ces murs : on jouera son concerto pour piano, en enlevant des notes dans la partition normale au fur et à mesure, pour symboliser la fin de cette vie musicale. Nous poursuivrons avec Pärt avec une œuvre dans une temporalité figée qui marque le moment de la catastrophe, et nous finirons sur Reich avec une œuvre plus positive et volubile qui représente le renouveau. Ce sera une performance avec une vingtaine de musiciens, beaucoup de cordes et quelques vents. C’est l’occasion pour les musiciens de jouer dans un cadre inhabituel, de faire de la musique différemment, de se mettre en danger. C’est une première initiative et j’espère qu’il y en aura d’autres.

Un des moments décalé de la saison sera le Space Carnaval en mars. Envie de fantaisie ?

Cet événement avait eu un grand succès il y a deux ans, et on va essayer de fidéliser ce moment toutes les deux saisons. Ce sera un concert sur le thème de l’espace, avec des musiques de film, comme Les Planètes de Holst qui a inspiré tous les compositeurs de musique de film hollywoodien (Arnold, Goldsmith, Williams…). Nous entendrons d’ailleurs la musique de Star Trek, Rencontre du 3e type, 2001 Odysée de l’Espace… Les musiciens seront bien sûr déguisés!

Vous invitez toujours de grands solistes. Quels sont les incontournables cette saison ?

Nous recevrons en octobre Richard Galliano, un accordéoniste qui vient d’un autre milieu que la musique classique, celui du jazz et de la musique populaire, même s’il a fait il n’y a pas longtemps un enregistrement de Bach. Nous recevrons également deux solistes de la jeune génération, promis à un très bel avenir : la violoniste Fanny Clamarigand qui va jouer en plus un concerto de Brahms très dur sur le plan technique, et le clarinettiste Raphaël Sévère. On a la chance de les voir à Mulhouse avant que leur notoriété n’explose et qu’ils soient indisponibles.

Un petit mot sur les concerts de musique de chambre qui, après une saison au Musée d’impression sur étoffe, reviennent au théâtre de la Sinne…

On a été un peu victime de notre succès, parce que le Musée d’impression sur étoffe a une salle un peu petite et on a dû refuser du monde. Nous revenons donc au théâtre de la Sinne qui est un peu grand pour la musique de chambre, sauf un concert qui aura lieu à la salle modulable de la Filature. La musique de chambre est un répertoire très riche, aussi riche que le répertoire symphonique, et qui permet de voir les musiciens individuellement, dans une autre atmosphère. D’ailleurs les abonnés auront un accès libre à ces concerts de chambre pour découvrir les musiciens sous un autre jour.

Propos recueillis par Sandrine Bavard

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