Deux heures de rêve pour oublier la grisaille.
Les chiffres sont formels : ni la radio, ni la télévision, ni le téléchargement n’auront eu raison de notre bon vieux cinématographe, cette inépuisable machine à rêve qui n’a pas pris une ride depuis son invention en 1895. Tout un rituel : vérifier l’horaire ou hésiter devant les affiches, payer sa place, s’installer confortablement sur les moelleux fauteuils, prendre la main de l’être cher, savourer quelques bandes-annonces en apéro, et après… Plonger dans quelque thriller sentimentalo-comique plein d’effets spéciaux en compagnie de personnages dont on ignorait tout l’instant d’avant, tellement intimes soudain... quelle aventure ! Un plaisir partagé dans le monde entier, par des gens de tous âges et de toutes classes sociales, qui dit mieux ? Pour les professionnels, l’affaire est entendue : c’est la sortie numéro un, le loisir universel ! Mais au fait… Qu’est-ce qui pousse les gens à s’engouffrer en masse dans des salles obscures ?
Un exutoire
«Je pense que c’est l’envie de penser à autre chose qu’au quotidien, qu’à l’actualité… Se vider la tête, en fait, c’est comme un exutoire !», observe Fabien Ombreux, gérant du cinéma Palace Lumière d’Altkirch. Son confrère Jean-Philippe Calvo, directeur du Kinépolis, renchérit : «Le cinéma, ça marche bien en temps de crise !». Pour Alexis Maljean, directeur du CGR de Colmar, le triomphe inattendu d’un film tel que Bienvenue chez les Ch’tis a répondu à une vraie attente : entendre parler d’autre chose que de la grisaille de février, de l’augmentation du prix du pétrole, des subprimes et autres mystérieuses menaces pesant sur le monde, pour se recentrer sur des valeurs de proximité et de bonheur simple…
Pour la plupart des spectateurs, c’est donc bien le côté divertissant du "cinoche" qui est motivant, dans le Haut-Rhin encore plus qu’ailleurs semblerait-il, où la préférence pour les très grosses sorties, les films d’action et les films de genre est particulièrement marquée. «Il y a tellement de sorties, la durée de vie des films ne cesse de raccourcir… Je pense que le choix des spectateurs se fait sur l’affiche, sur ce qu’ils savent qu’ils peuvent attendre du film», suggère Alexis Maljean. Le triomphe du dernier James Bond est donc logique ! «Et c’est encore mieux en numérique, avec une image sans bavure et un son très dynamique», tandis que l’ébouriffante technologie 3D promet carrément une expérience tout à fait nouvelle dans la perception du film, en mettant le spectateur en plein cœur de l’action.
Art et essai ne rime pas avec "prise de tête"
Du divertissement, de la haute technologie, très bien tout ça, mais y a-t-il encore de la place pour l’émotion esthétique et artistique ? Les programmateurs des nombreux cinémas haut-rhinois titulaires du label «Art & Essai» le défendent, tout en précisant bien «qu’il ne faut pas avoir peur, qu’il ne s’agit pas de se prendre la tête pour autant !», comme l’assure Claire Schappler, directrice du Bel-Air à Mulhouse. Il s’agit plutôt de s’ouvrir l’esprit, de découvrir, de prendre le temps, de partager ses idées et ses impressions lors des festivals et des soirées-rencontres...
Des émotions partagées
Entre une soirée pop-corn au Kinépolis et un débat au Bel-Air, il est un point commun qui donnera toujours une longueur d’avance au cinéma sur le confort de la hi-fi domestique : c’est le sentiment d’avoir partagé les mêmes émotions avec tous les spectateurs de la salle, cette complicité muette au moment de tenir la porte à la sortie, un "lien social" pas galvaudé !
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