Le théâtre alsacien : succès présent, craintes futures

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Le théâtre dialectal est une tradition régionale qui a plus d'un siècle. Jouer en alsacien n'est pas uniquement folklorique : pour les bénévoles des différentes troupes et les nombreux spectateurs à travers l'Alsace, c'est aussi un moyen important de transmettre et de faire vivre le dialecte tout en s'amusant. Une tâche difficile, les jeunes générations se détournant peu à peu de l'alsacien.

Par Mike Obri

Tout d'abord, une petite mise au point. Il existe plus de 250 cercles de théâtre alsacien du nord au sud de la région... on en trouve quasiment dans chaque petit village ! Ces derniers font partie du Groupement de Théâtre du Rhin. Parallèlement à ces troupes « de campagne » que l'on surnomme en alsacien les Bangele, on retrouve 8 grands théâtres alsaciens rassemblés dans la très officielle Fédération des Théâtres Alsaciens (les Théâtres de Mulhouse, Colmar, Strasbourg, Guebwiller, Haguenau, Saverne, Schiltigheim et Hochfelden). Tout ce petit monde coexiste en parfaite harmonie.

Le Théâtre Alsacien de Mulhouse en pleine action ! © J-M Schreiber Le Théâtre Alsacien de Mulhouse en pleine action !

« Il y a plusieurs critères pour faire partie de la Fédération », explique Béatrice Vonesch, la présidente du Théâtre Alsacien de Colmar. « Il faut jouer trois pièces par saison, essayer de faire des créations et éviter l'excès de vulgarité. Nous avons la chance de jouer dans le théâtre de la ville, il faut donc faire du qualitatif, même si du metteur en scène aux comédiens, tout le monde est amateur et bénévole ». En effet, ne cherchez pas les pros du théâtre dialectal, il n'y en a pas. Tout le monde travaille à l'oeil. Et avec le sourire, s'il vous plait. « Une fois les trois pièces choisies, on répartit les rôles entre la centaine de bénévoles que nous sommes. On se fait 16 ou 17 répétitions avant de monter sur scène. On élabore les costumes et les décors, on s'entraide, nous sommes une grande famille. En général, les recettes des entrées suffisent tout juste à couvrir nos frais », ajoute Béatrice Vonesch, qui en profite pour attraper un calepin avec les dialogues de la prochaine pièce qui sera jouée en mars au Théâtre Municipal de Colmar, Alles Kippt Um.

L'alsacien est-il en train de mourir ?

La bonne volonté des bénévoles de Colmar ou de Mulhouse est évidente. Lors des différentes répétitions auxquelles nous assistons, la belle ambiance règne. C'est même la grosse marade, d'Litt làcha vollgàs... Mais il faut bien constater que nous ne croisons aucun représentant des moins de 40 ans. Le cliché du théâtre alsacien serait-il véridique ? N'est-ce que pour les « vieux » ?

« Les jeunes ne comprennent plus l'alsacien. Ils trouvent sans doute que ça fait plouc », commente Béatrice Vonesch, entre deux indications de jeu à ses comédiens. « Moi même, avant de devenir présidente, j'avais du mal à le parler. J'ai dû m'y remettre. C'est vrai qu'on arrive pas à renverser la tendance, on ne trouve pas d'acteurs plus jeunes. A Strasbourg, ils tentent le sur-titrage des pièces en français, en direct, sur un grand écran. C'est une bonne idée pour attirer un public nouveau. Il faut aussi continuer les Kindertheater, les cours de théâtre en dialecte avec les jeunes. Mais pour être honnête, à Colmar, on a arrêté, ça ne marchait pas vraiment », regrette notre sémillante retraitée.

Alors quoi ? Le théâtre alsacien, et par conséquence, le dialecte, vont-ils mourir comme ça, doucement et dans le silence ? Il est certain que le plébiscite populaire que connaît le théâtre alsacien n'est pas pour aider à la tâche. La plupart des représentations dialectales affichent en effet complet, de Colmar à Mulhouse, en passant par les petits villages du Sundgau. Les salles ne désemplissent pas et les rires fusent toujours autant. Oui, mais les tempes se font bien grises dans la salle. Comment renouveller l'auditoire ? Comment faire pour rendre cet héritage séculaire plus accessible aux jeunes générations ? Le théâtre alsacien va devoir se poser les bonnes questions dans les décennies qui arrivent s'il ne veut pas steh' wie de Ochs àm Barri (rester comme le boeuf sur la montagne). En attendant, màche m'r einer drùf (on va faire la fête) !

Plus d'infos :
www.federation-theatres-alsaciens.com
www.theatredurhin.net

Et découvrez également notre annuaire des troupes de théâtre alsacien, du Haut-Rhin comme du Bas-Rhin !

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