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Philippe Schlinger : «On n’est jamais assez nombreux pour diffuser du spectacle vivant de qualité»

Le festival jeune public Momix, implanté à Kingersheim, part depuis une quinzaine d’années en balade dans tout le Haut-Rhin, mais aussi en Franche-Comté ou Lorraine. Des partenariats qui permettent de créer toute une dynamique dans le Grand Est, comme nous l'explique son directeur Philippe Schlienger.

Qu’est-ce qui a poussé Momix à partir en balade, nom donné à ces rendez-vous hors de Kingersheim?

L’objectif principal est de mutualiser les moyens. Quand les compagnies viennent du Sud de la France ou de l’étranger, elles peuvent faire plusieurs spectacles dans une même tournée, et ont plus de chance d’être repérées par des professionnels. Mais nous avons aussi des spectacles proposés en concertation avec d’autres lieux (la Filature, la Passerelle, L’Espace Rhénan…) pour étoffer l’offre : danse, théâtre, théâtre d’objet, cirque, ciné-concert…, ce qui crée une dynamique encore plus forte. Il y a une vingtaine de partenaires aujourd’hui, tous n’ont pas la même place, mais chacun doit être gagnant. Momix jouit d’une certaine réputation, auprès des professionnels comme du public qui peuvent se référer à une sorte de label, représentatif d’une qualité artistique, quand bien même ils ne connaissent pas les compagnies qui jouent.

Vous êtes partenaire du festival Complicité à Huningue, axé largement sur le jeune public, presque aux mêmes dates que Momix, géographiquement proche, avec qui vous auriez pu être en concurrence. Pourquoi préférer le partenariat ?

Cela fait partie de nos réflexions au sein de Résonances, réseau de salles dans le Haut-Rhin. Le Triangle à Huningue avait envie de faire un temps fort dans sa saison, peu avant Momix, mais qui n’est pas exclusivement jeune public et qui touche des formes artistiques différentes. Je pense aussi que l’on est suffisamment loin et que le public ne fait pas facilement 25 km pour aller voir un spectacle jeune public. L’abondance de bien ne nuit pas, j’ai le sentiment que l’offre crée la demande, et que face à la quantité de divertissement, on n’est jamais assez nombreux pour diffuser du spectacle vivant de qualité.

Vos partenariats concernent aussi bien des grandes salles (Filature, Coupole, Grün…) que des lieux plus confidentiels dans des villages (salle polyvalente, centre culturel, bibliothèque…). C’est pour vous permettre d’être accessible à tous ?

Oui, pour démocratiser la culture, il faut qu’elle soit visible à des endroits très différents, parce que les gens ont l’habitude d’aller dans les salles qu’ils connaissent déjà. Et certaines salles sont bien contentes quand on leur propose nos spectacles. Ils ne sont pas parachutés : il y a une concertation avec les responsables de ces lieux qui sont dans une démarche de désir. Les salles sont bien remplies et on est ravi de cette curiosité du public pour des compagnies qui leur sont inconnues, qui ne passent pas à la télé. Souvent, c’est une première expérience, les compagnies sont accueillies chaleureusement par les organisateurs, par le public, et cela devient un petit événement dans la ville.

On note aussi une expansion géographique de Momix, très présent dans le Haut-Rhin, de Cernay à St-Louis, mais aussi présent en Lorraine, en Franche-Comté. Vous avez envie d’être LE festival du Grand Est ?

Nous faisons partie du réseau Quintest qui réunit les différents acteurs culturels de cinq régions du Grand Est : Bourgone, Alsace, franche-Comté, Champagne-Ardennes, Lorraine. Nous nous rencontrons depuis huit ans pour mieux faire connaître nos événements et voir comment on peut améliorer la circulation des spectacles sur notre territoire. Ce foisonnement de spectacles, on en a besoin pour montrer qu’il se passe quelque chose à Mulhouse, en Alsace, mais aussi dans le Grand Est. C’est une dynamique forte au regard du projet global.

A force de vous multiplier, essaimer, n’y-a-t-il pas un risque pour la qualité des spectacles ?

Je suis le garant de la cohérence du festival. Momix, ce n’est pas l’addition de spectacles proposés par les partenaires, mais ce sont des spectacles que j’ai vu l’année dernière, ou des compagnies que je connais à 98%. C’est très important sinon cela deviendrait un panier où il y aurait tout et son contraire. Les gens attendent avec impatience le programme, ils achètent les billets en avance, ils font confiance au festival, et je me considère comme le responsable du menu. On peut les rassurer avec des formes artistiques plus classiques ou bien leur montrer des projets plus audacieux, et surprendre le public par rapport à l’idée qu’il se fait d’un spectacle jeune public.

A l’avenir, vous souhaitez encore vous développer ou avez-vous atteint la taille critique ?

On n’a pas de stratégie de développement. On ne veut pas devenir l’industrie du spectacle vivant, mais rester un festival à taille humaine, un événement de proximité, lié à un art de vivre, à l’idée qu’il n’y a pas que le spectacle, mais aussi un temps avant et après. On reste ouvert à toutes les salles qui veulent partager cette idée avec nous.

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