Bertrand Klein

Bertrand Klein a baigné dans les odeurs de bois et de vernis de l’atelier d’ébénisterie de son père, comme son aïeule, Elise, qui a fondé la maison d’ameublement et de décoration Klein-Albert, à Mulhouse. Une histoire familiale longue de 150 ans.

Propos recueillis en octobre 2015.

Que serait la rue des Tanneurs à Mulhouse sans les boutiques Quartz, Ligne Roset et Cinna, Galerie des Tanneurs, ce qui revient à dire sans la famille Klein-Albert ? « Elle serait provisoirement vide, mais vite comblée j’espère !, s’amuse Bertrand Klein, le gérant. Cette rue a toujours été destinée à l’ameublement et à la décoration : il y avait des tanneurs, des poêliers, des ébénistes, des antiquaires à la fin du XIXe siècle… Ma famille n’était donc pas la seule, mais elle fait partie de celles qui sont restées », explique l’héritier d’une longue saga familiale.
Tout commence avec l’ouverture d’un atelier d’ébénisterie par Auguste Albert en 1865. Sa fille, Élise, après son mariage avec Émile Klein, rachète une tannerie pour en faire un magasin d’ameublement et de décoration, puis d’autres bâtiments délabrés pour s’agrandir : « Mulhouse est sous annexion allemande, l’industrie est en plein développement, il y a un engouement pour l’Art nouveau et le magasin Klein-Albert s’inscrit pleinement dans cette tendance », informe Bertrand Klein. Après la Première guerre mondiale, l’heure est à la reconstruction pour les deux fils d’Élise : le magasin du 22-24 rue des Tanneurs (actuel Quartz) prend des allures de grand magasin parisien de style Art Déco avec son architecture en béton, ses énormes baies vitrées, son ascenseur lambrissé de bois, son large escalier...

DR Bertrand Klein

Antiquaire... à 17 ans

Après 1945, Paul-Adolphe Klein rachète le magasin pour vendre du mobilier fonctionnel et moderne. Son fils, André, ébéniste, le rejoint en 1960, pour fabriquer des meubles sur-mesure, et rééditer des meubles alsaciens du XVIIe et XVIIIe siècle. C’est dans cette ambiance que grandit son fils, Bertrand Klein : « Mes parents habitaient au-dessus de l’atelier. J’ai vécu au milieu des commodes Louis XV et des armoires alsaciennes. Mon grand-père m’emmenait faire les marchés aux puces, je me suis abonné très tôt à des revues spécialisées. Il n’y a pas mieux que la rencontre avec l’objet pour se former ! » Ce passionné ouvre son premier magasin d’antiquités à ... 17 ans, dans une grange à Frœningen, ouvert uniquement les week-ends, pour continuer ses études en sciences économiques à Strasbourg. « J’ai toujours mené ma vie d’antiquaire en parallèle à tout le reste ! », confie-t-il.

Tout le reste ? C’est l’ouverture de la Galerie des Tanneurs mêlant tableaux, objets d’art et antiquités. C’est la transformation de l’atelier d’ébénisterie en atelier de restauration pour des meubles anciens. Et c’est surtout la création du magasin Quartz en 1988, dédié à la création contemporaine. « Je fréquentais les salons à Paris, Milan, Cologne, et on sentait qu’on était à un tournant du design. Ce sont les prémices de Philippe Starck avec la décoration du café Costes et de sa chaise à trois pieds devenue une icône du design. Il a créé une véritable révolution dans le design ! », soutient l’expert.
Autre tournant, cette fois-ci à Mulhouse, à l’aube des années 2000 : les travaux du tramway. Délocalisé à Wittenheim, le magasin Quartz revient dans son bâtiment historique en 2008, avec une offre globale : design, architecture d’intérieur, aménagement d’espaces professionnels... « Notre fil conducteur, c’est la passion du beau. On présente en exclusivité des grandes marques : Cassina, Kartell, Knoll... On met aussi en avant de jeunes marques scandinaves, comme Hay ou Muuto, aux prix plus accessibles. On a la pièce d’exception et la future pièce d’exception », se félicite Bertrand Klein. Sous sa houlette, l’entreprise familiale s’est encore étoffée, avec l’ouverture de deux magasins à Colmar et Strasbourg. Et la relève semble assurée : son fils, Arnaud, diplômé de la prestigieuse école Camondo à Paris, a ouvert Desikon, un bureau d’architecte d’intérieur.

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