Bruno Caro, à la conquête du château du Haut-Koenigsbourg

Le nouveau directeur du château du Haut-Koenigsbourg, qui a pris ses fonctions le mois dernier, a commencé en bas de l’échelle, comme animateur touristique dans une station thermale. Un parcours exemplaire qui l’a conduit de la Sarthe à l’Alsace.

Propos recueillis par Sandrine Bavard en mai 2016.

Bruno Caro, nouveau directeur du château du Haut-Koenigsbourg © Sandrine Bavard Bruno Caro, nouveau directeur du château du Haut-Koenigsbourg

Un BTS de tourisme peut vous emmener loin. Jusqu’à la direction du château du Haut Koenigsbourg, à condition de saisir les opportunités : « J’ai toujours pris mes postes comme de nouveaux challenges. Quand je les ai relevés, je passe à autre chose », affirme Bruno Caro, 50 ans, originaire de la Sarthe, où il retourne dès qu’il peut.

Ce fonctionnaire a commencé sa carrière comme animateur touristique à Bagnoles-de-l’Orne en Normandie : « une station thermale vieillissante qui souffrait d’une mauvaise image, un peu trop médicale » : là, il y développe un tourisme vert et organise des visites guidées. « Cela reste une fibre chez moi : transmettre ma passion du patrimoine ».

Un homme de dossiers

Mais Bruno Caro a aussi une autre corde à son arc : le développement d’une dynamique territoriale, qu’il met en place dans la Manche et dans la Nièvre, puis dans la Sarthe. En 2001, il monte le syndicat mixte du Pays Vallée de la Sarthe présidé par un certain… François Fillon : « Avec lui, j’ai appris le pragmatisme et la simplicité. Il a gardé un bon sens rural », confie-t-il. Plus jeune, Bruno Caro a été attaché parlementaire, mais ce qu’il aime, « ce sont les dossiers, pas les cabinets ». Il pratique donc la politique à une échelle plus modeste, en devenant élu local pendant presque 20 ans du village de Vaas, connu pour sa fête de la pomme qu’il a cofondée. Il avoue : « Si j’étais resté dans la Sarthe, je serais peut-être devenu maire de mon village ! ».

A défaut, en tant que directeur du syndicat mixte, dans un bassin de vie de 70 000 habitants, il a développé un programme « ambitieux » : « La Sarthe n’a pas de site ou d’image touristique forte, mais elle a une richesse : l’eau, que l’on a valorisée. On a ouvert les abords de la rivière, créé un site pour le canoë-kayak, etc. Moi, je considère que ce qui est bien pour les habitants est bien pour les touristes, et inversement. »

Un virage au conseil général du Bas-Rhin

Bruno Caro prend ensuite la tête du syndicat mixte et du Pays d’art et d’Histoire du vallée du Loir, qui recouvre un territoire de 80 000 habitants. Mais il veut intégrer une collectivité plus grande : il postule alors au conseil général du Bas-Rhin où il devient au bout d’un an directeur de l’emploi, de l’innovation et des dynamiques territoriales. Cet homme de dossier se sent comme un poisson dans l’eau en Alsace : « C’est une terre de rigueur où l’on a le souci du travail bien fait. Mais ce n’est pas une rigueur figée : je n’ai jamais eu l’impression que les gens vivaient sur leurs acquis. C’est un territoire qui vit, qui innove, ouvert sur l’extérieur et qui sait se remettre en question, sans perdre ses valeurs. C’est ce qui fait sa force et c’est pourquoi je me plais ici », confie-t-il.

"Faire vivre le château"

Et il s’y plaît tellement qu’il a décidé d’investir un de ses plus beaux fleurons - propriété du conseil général du Bas-Rhin : le château du Haut-Koenigsbourg. Il a découvert les lieux en vacances il y a quelques années avec femme et enfants : « C’est une visite qui a marqué notre séjour, tant le site est impressionnant. Ce n’est pas seulement le bâti mais aussi sa position géographique, sa construction à même la roche, ses salles meublées qui donnent l’impression qu’on pourrait y vivre. C’est vraiment le château fort tel qu’on l’imagine avec ses mâchicoulis, ses canons, ses pont-levis… On est loin de la douceur angevine », plaisante-t-il.

Le nouveau directeur a bien sûr pour mission de conserver et valoriser l’architecture et le mobilier, mais aussi de drainer l’activité économique autour du château en lien avec les hôteliers, restaurateurs, commerçants… Son ambition est claire : « Il ne faut pas figer ce château comme un musée, mais le faire vivre. Il faut donner envie aux locaux de revenir régulièrement, les surprendre. Dans ce décor prestigieux, on veut créer des événements autour de la gastronomie, de la musique, de la peinture, des jardins… », annonce le directeur. Dès 2017, les visites pourraient se faire aussi plus interactives grâce aux outils multimédia. De même, le tourisme d’affaire, pour qui il existe déjà une demande, devrait s’accentuer dans les années à venir.

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