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Rencontre avec Hugues Klein, architecte alsacien

Européen tourné vers la culture japonaise et africaine, Hugues Klein développe une architecture qui se fond dans le décor et respectueuse de la santé dans son studio à Mulhouse.

Propos recueillis en août 2014.

Hugues Klein dans la Niels chair, un siège à vivre qu’il a conçu DR Hugues Klein dans la Niels chair, un siège à vivre qu’il a conçu

L’accueil du parc zoologique et botanique avec ses larges baies vitrées à Mulhouse, c’est lui. La maison d’enfants de la Fondation Saint-Jean à Mulhouse avec ses drôles de fenêtres ovoïdes, c’est lui. L’école bioclimatique tout en bois à Thannenkirch, c’est encore lui. Hugues Klein, architecte diplômé de l’École nationale supérieure des Arts et Industries de Strasbourg où il enseigne aujourd’hui, a fondé son propre studio en 1999 à Mulhouse. Avec une question essentielle : « Comment habiter un espace en respectant l’espace que l’on habite ? Comme un nomade ou un scout, il faut apprendre à s’installer dans un lieu et se désinstaller sans dénaturer le lieu : que le bâtiment soit une plus-value pour l’espace et non une moins-value », explicite-t-il.
Des préoccupations écologiques qui s’illustrent parfaitement avec son école sur pilotis, créée dans un parc à Obernai où les enfants ont la tête dans les arbres : ses poteaux inclinés rappellent les troncs d’arbres, ses façades végétalisées se fondent dans le décor : « L’école se structure par rapport au parc et vice-versa : il n’y a pas de conflit, il y a hybridation, comme si la greffe prenait. L’écologie, ce n’est pas que des performances techniques et énergétiques qui se mesurent, mais aussi quelque chose de l’ordre de la poésie », souligne l’architecte, nominé au Prix Mies van der Rohe en 2007 pour cette réalisation.

Influencé par le Japon et l’Afrique

Et pour filer la métaphore poétique, le passionné de culture japonaise, adepte du yoga et du minimalisme, fait le parallèle entre architecture et… haïku : « Dans un haïku, chaque mot doit être évalué dans son ensemble (pour sa sonorité, son nombre de syllabes, sa disposition dans le texte…) et pas pour son sens seul. C’est la même chose en architecture : rien que pour une fenêtre d’immeuble, on doit observer tous les échanges depuis l’intérieur jusqu’à l’extérieur, parce que l’architecture s’impose à tous. C’est un art appliqué qui a des comptes à rendre à la communauté des hommes », poursuit Hugues Klein.
Et qui a surtout des comptes à rendre à ses habitants, en leur apportant une qualité de vie immédiate. Une leçon qu’il a tirée de son expérience en Afrique où il a travaillé pendant deux ans pour le compte de l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire puis au Zimbabwe : « L’Afrique m’a beaucoup appris, car c’est une culture du présent : on ne stresse pas pour l’avenir, on ne culpabilise pas pour le passé, on sourit à la vie, tout le temps ! Il y a une spiritualité présente au quotidien : le respect pour le vivant, la nature, la parole donnée… Et l’architecture, c’est imaginer des espaces sources de bien-être et de confort, en relation avec les autres et avec soi-même », déclare-t-il.
La santé des hommes est encore au cœur de son invention design, la Niels Chair, aboutissement de trois ans de recherche : « Depuis 20 ans, nous avons de nouveaux outils (smartphone, tablette, MP3…) mais notre mobilier n’a pas changé : ce sont toujours les mêmes tables et chaises. J’ai donc imaginé 8 postures dans un seul meuble, à la fois avec des postures occidentales et orientales, pour qu’il corresponde à une nouvelle façon de travailler, de se détendre, de vivre », explique-t-il. Ce cocon, avec trois petites fenêtres sur l’extérieur, n’est pas encore commercialisé, mais Hugues Klein recherche un industriel pour le produire.

Des goûts et des couleurs

Votre livre de chevet ?
Gymnastique évolutive pour tous, de Nil Hahoutoff, sur le yoga
Un spectacle à ne pas manquer ?
L’expo Daniel Buren au Musée d’art moderne et contemporain à Strasbourg.
Une personnalité que vous admirez ?
Marina Abramović, une performeuse qui concentre en elle toute son œuvre d’art, extrême.
Un endroit où vous sentez bien ?
La forêt, avec toutes ces lumières, ces ambiances, ces parfums, qui changent tous les jours.
Votre resto préféré dans le coin ?
Le restaurant de la gare à Guewenheim : la meilleure carte des vins de la région.
Le truc que vous appréciez chez les autres ?
Quand ils s’inscrivent dans le temps présent quand ils sont en face de moi, qu’il y ait un vrai échange et quelque chose d’unique.
Le truc qui vous énerve chez les autres ?
Le plagiat artistique.

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