Métissage, choc de l’immigration américaine, mais aussi violence faite aux femmes dans un Saint-Domingue régi par la corruption et la pauvreté... Ce roman, fantaisiste en diable, pourrait n’être que la saga tragicomique d’une famille dominicaine aux Etats-Unis, si elle n’était pas surtout une explosion romanesque, une source intarissable et jouissive d’invention littéraire.
DR Les coups de coeur des libraires de marsOscar est énorme. Au fond de la classe,, il rêve de filles et d'aventures. La seule chose qu'il sait faire, c'est écrire et lire des histoires fantastiques. Exilé dans sa banlieue du New Jersey, il rêve de devenir le Tolkien dominicain. Mais le drame, chez Oscar, est un trait de famille. Sa brève et merveilleuse vie est frappée au fer rouge d'une malédiction ancestrale : le 'fuku'. Partie de Saint-Domingue, cette tragédie se transmet de génération en génération, comme une mauvaise graine.
La saga familiale nous mène ainsi de Belicia, la mère, fuyant son île dominicaine, à ses enfants, Lola, la fugueuse, et son frère Oscar, dont les pas reviennent inexorablement aux origines. Honte à la réputation virile et macho des hommes dominicains, Oscar porte là-bas sa virginité tardive comme un fardeau. Ce n'est pourtant pas sa honte qui le tuera. Nourrie des destins de ses aïeux brisés par la torture, la prison, l'exil et les amours impossibles, l'histoire d'Oscar s'écrit, fulgurante et désastreuse. Et rejoint la grande Histoire, celle de la dictature de Trujillo, de la diaspora dominicaine aux Etats-Unis, des promesses avortées du rêve américain.
DIAZ, Junot. La brève et merveilleuse vie d'Oscar Wao. Paris, édition Plon, 2009. broché, 293 p. ISBN 978-2-259-18555-4
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