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Ecomusée : découvrir la vie de paysan il y a 100 ans

L’Ecomusée nous immerge dans un village alsacien du début du XXe siècle. Le JDS a emboîté le pas de François Kiesler, bénévole et administrateur de l’Ecomusée, qui nous faire revivre la vie d’un paysan dans l'entre-deux-guerres

Au sortir de la Première Guerre mondiale, le monde paysan a perdu beaucoup d’hommes sur les champs de bataille et connaît de grands bouleversements pour pallier la pénurie de main d’œuvre. « Beaucoup de choses changent grâce à la mécanisation et à la motorisation. On remplace des outils par des machines : le marteau devient marteau pilon, la faux devient faucheuse… Dans les années 30, les gros paysans achètent des tracteurs, mais les petites exploitations familiales conservent la traction animale. Dans l’entre-deux-guerres, on est déjà dans une agronomie de progrès, qui a doublé ses rendements par rapport à la fin du XIXe siècle », informe François Kiesler, bénévole et administrateur à l’Ecomusée.

François Kiesler, bénévole et administrateur à l\'Ecomusée, nous raconte la vie d\'un paysan au début du XXe siècle © Sandrine Bavard François Kiesler, bénévole et administrateur à l'Ecomusée, nous raconte la vie d'un paysan au début du XXe siècle

Une vie paysanne très rude

S’il y a progrès, la vie est encore dure. Le paysan se lève au chant du coq : il nourrit ses bêtes, trait les vaches, change les litières si besoin, avant que ne commence sa journée de travail aux champs. « Au printemps et à l’été, c’était vraiment un rythme d’enfer. Il faut planter, biner, sarcler, faucher les herbes, les retourner pour qu’elles sèchent, rentrer du fourrage. Au moment des foins, c’est encore le temps de ramasser les cerises et les petits fruits si on veut avoir du schnaps pour l’hiver. Et on n’a pas Météo France pour nous dire s’il va pleuvoir dans 3 jours ! », souligne François Kiesler. A cette époque, il y a encore des congés spéciaux pour que les enfants puissent aider leurs parents à la ferme, comme pendant les fenaisons.Même la petite fille a son utilité, en chassant les taons qui agacent les chevaux.

La stub et son kacheloffa

Et quand on rentre des champs, on ne peut pas dire qu’on retrouve le grand confort. Il n’y a pas d’électricité, pas d’eau courante, pas de soirées pizza devant sa série préférée : « Chaque maison, qu’elle soit petite ou grande, est bâtie de la même manière. La stub est la pièce principale, avec le coin à Bon Dieu avec son crucifix et surtout son kacheloffa, le poêle à faïence, le point chaud, l’âme de la maison. Ce poêle à inertie met des heures à chauffer mais aussi à refroidir : on l’alimente un peu le matin, un peu le soir. C’est une sorte de chauffage central », explique notre guide.

Non loin de là, une alcôve qui sert de chambre. A l’arrière, la pièce de travail, avec la cuisinière. Certains possèdent une pompe à bras qui amène l’eau directement dans la cuisine, les autres vont la chercher au puits dans la cour. A l’étage, on entrepose le grain et les céréales. Dans la cour, on entasse le fumier. Rien ne se perd, tout se récupère, dans cette vie en autarcie.

Les animaux magiques de la ferme

La maison donne directement sur l’étable. Dans une grosse ferme type du Sundgau, comme la Sternenberg de l’Ecomusée, on pouvait compter un ou deux bœufs, trois à quatre vaches et des veaux. « Il y a trois animaux magiques à l’époque : la vache qui donne du lait presque tous les jours, la poule qui donne les œufs et le cochon qui donne la graisse. A l’époque, on pense pratique, pas diététique : on chauffe tout au saindoux. On peut aussi apporter ses noix chez l’huilier, mais c’est un luxe », rapporte François Kiesler.

Des terres pour la polyculture

S’il possède assez de terres, le paysan fait de la polyculture. Il cultive des céréales (blé, orge, avoine, seigle), des plantes fourragères, des protéagineux (luzerne, trèfle, pois) et des légumes (pomme de terre, rutabaga, carottes…). « On cultive aussi des plantes pour les manufactures, par exemple la betterave pour la sucrerie d’Erstein, le houblon pour les brasseries et même le tabac brun pour les industries autour de Benfeld. Si on habite près d’une grande ville, les maraîchers peuvent se spécialiser, comme dans l’oignon à Mulhouse », indique François Kiesler.

Le journalier, qui possède peu de terres, ne peut en vivre à plein temps : il vend donc sa force de travail pour le gros paysan lors des fenaisons, moissons, battages et même pour la collectivité pour de menus travaux.

On peut encore voir les champs tels qu’ils étaient en 1930, sur un peu plus de 4 ha, dans l’Ecomusée : un nouveau parcours d’interprétation a été mis en place, jalonné de 20 panneaux explicatifs, pour comprendre l’agriculture d’hier et les enjeux de demain.

 

Lire aussi notre article sur les métiers d'autrefois à l'Ecomusée

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