Interzone (Serge Teyssot-gay & Khaled Aljaramani)

C’est à Damas, en 2002, que Khaled AlJaramani et Serge Teyssot- Gay écoutent avec une extrême attention le concert de l’autre. Sans parler, ils se rencontrent grâce à leur seule langue commune, la musique. D’un côté un guitariste de rock, de l’autre un oudiste de musique orientale, l’un venu d’Europe, l’autre du Moyen-Orient.

Fuyant la routine pour mieux tendre vers des parages inconnus, le guitariste Serge Teyssot-Gay cultive le goût de la rencontre comme une composante fondamentale de sa musique : en témoigne avec acuité Interzone, duo formé avec l’oudiste syrien Khaled Al Jaramani, qui fait paraître le magique "Waiting for Spring".

C’est à coups de traits vifs et nerveux que Serge Teyssot-Gay et Khaled Al Jaramani peaufinent leur art. Leurs deux premiers albums, Interzone (2005) et Deuxième jour (2007), impressionnaient par une énergie sauvage, exubérante mais très canalisée. Waiting for Spring dévoile un autre registre. Avec ce nouvel opus, le duo développe une poésie brute, une forme de rage moins explosive et plus sombre. Le geste y est instinctif, l’architecture intuitive. Les tempi de Sur la route de Homs naissent d’imperceptibles pulsations, douces comme des gouttes de pluie. La polyphonie embryonnaire qui s’élève avec Le Temps exhale un lyrisme dépouillé. Les mélodies – souvent des motifs de quelques notes – ne cherchent pas la virtuosité. Tout au contraire, elles surgissent, fulgurantes, évidentes, comme dans In Between. Sous les doigts de Teyssot-Gay et d’Al Jaramani, elles se répètent, s’échangent, s’enveloppent, s’estompent, dans une circulation élémentaire.

 

Se déployant très librement, la musique d’Interzone gagne en fluidité et en ampleur. Du coup, les formes surprennent. On ne devine jamais où ces deux-là vont nous mener, mais on se rend compte très vite qu’ils nous conduisent loin, très loin, au fil d’une exploration sans entrave. C’est ainsi qu’ils nous font partager un monde de mystères et de grâces, un univers d’envoûtements et de doutes. Dans ce climat à fleur de peau apparaît un ruban de saturations électriques qui chatouille l’oreille en permanence sans jamais la gêner. Ce sont des riffs plaqués, des stridences… Ces tendres frottements proviennent en grande partie des distorsions de la guitare électrique dont Serge Teyssot-Gay ne cherche pas à gommer les effets. Il ne ménage donc pas son partenaire, qui le lui rend bien, laissant fuser de son oud des mélismes étincelants. Leurs échanges sont francs mais attentionnés, émouvants et échevelés.

Nous savions que la guitare électrique et l’oud peuvent s’accorder à merveille, mais rarement avions-nous pu les entendre fusionner si voluptueusement et résonner si puissamment.

Biographie par Camille Guynemer, extraite du site "Gaieté Lyrique".

 

Renseignements

La Laiterie - Strasbourg 67000 Strasbourg

Dates et horaires :

Jeudi 31 Janvier 2019 à 19h30

Tarifs :

6/20€

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