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Glenn Miller Memorial Orchestra

Origine de Rosheim, Dominique Metz vit à Londres depuis plus de 20 ans par amour du swing. Le batteur du Glenn Miller Memorial Orchestra revient dans la région pour un concert le 23 janvier à l'Ed&n.

Quand et comment avez-vous rejoint le Glenn Miller Memorial Orchestra ?

Je suis parti étudier la musique au Musicians Institute Los Angeles en 1989. À l’époque, c’était la Mecque du swing, avec beaucoup de musiques de films et de feuilletons enregistrées sur place. À l’école, on avait même un big band studio, où j’ai pu jouer et progresser. De retour en France, j'ai eu du mal à trouver du boulot dans ce milieu-là. Un jour, j’ai fait un remplacement pour Glenn Miller Memorial Orchestra à Paris puis d’autres à Londres grâce à des amis musiciens jusqu’à devenir titulaire.

Vous avez choisi de vous installer à Londres : c’est mieux pour s’épanouir musicalement ?

Quand je suis arrivé dans cette ville à la trentaine, c’était une évidence et ça l’est toujours 21 ans plus tard. Comme les gens qui rencontrent la foi. Il y avait tout ce que je voulais et notamment une scène swing très importante.
Qu’est-ce qui vous fascine autant dans cette musique ?
J’ai toujours aimé cette musique. Même dans mon village alsacien, j’avais formé avec des copains le groupe Jazz Contrast. Pour moi, c’est une musique dansante et festive, qui fait un effet physique aux gens. Ils ont envie de se lever, de bouger et faire la fête. On peut faire de la samba, de la musique africaine, c’est le même rapport.

Qu'est-ce qui fait la spécificité de la musique de Glenn Miller et de ce big band ?

Glenn Miller a inventé un son unique et reconnaissable entre mille, en remplaçant l'un des cinq saxos par une clarinette dans le pupitre des anches, et en démocratisant l’effet wah-wah, un effet sourdine. Pour lui rendre hommage, Franck White a créé cet orchestre dans les années 80 qui a d'abord tourné dans les bases militaires américaines en Allemagne. Il a recruté des musiciens dans le monde entier car il ne faut pas simplement bien jouer, mais aussi bien connaître cette musique. Il faut une cohésion parfaite de chaque pupitre. C’est une musique très hiérarchique, au règlement presque militaire.

Quelle est la teneur du nouveau spectacle en tournée ?

On rend hommage aux grands musiciens et chanteurs : Glenn Miller, Frank Sinatra, Count Basie, Ella Fitzgerald… et on reprend les grands standards : « Fly me to the moon », « Somethin' Stupid », « Can't take my eyes off of you »... On y entend l'ère du swing, qui correspond à cette période de l'entre-deux-guerres. De par sa nature, cette musique favorisait les rencontres entre les gens, les éloignait des tracas du quotidien, et leur donnait du bonheur. Quand les gens repartent avec la banane, on se dit qu’on a rempli notre mission.

C’est une musique peut-être moins populaire en France que dans les pays anglo-saxons. Est-ce que vous ressentez une différence ?

On arrive à remplir des salles de 600 ou 1000 personnes, et on balaye plusieurs générations, donc c’est plutôt flatteur. Il y a toujours un public fidèle à cette musique car elle est restée vivante. Le swing, c’est la musique classique du jazz, et comme pour Beethoven, il y a des gens qui viennent toujours pour l’écouter même si ça ne passe pas à la télé. Ce n’est pas courant de voir 20 musiciens sur scène. On n’a pas d’ampli, pas de bouton de 0 à 10 pour compenser le manque d’énergie, c’est 20 personnes qui physiquement déplacent de l’air   c’est une énergie brute. Je crois de plus en plus à la sincérité : quand on triche, les gens le voient que ce soit dans la pop, le r’n’b ou le rock.

Vous avez aussi participé à la tournée en Amérique du Sud en 2017 de Charles Aznavour. Quel souvenir en gardez-vous ?

Cette tournée me laissera une marque pour toujours. C'était un génie et un bosseur incroyable avec une vraie carrière internationale. Avec Aznavour, vous êtes à Buenos Aires en Argentine devant 11 000 personnes, le lendemain à Santiago au Chili toujours devant 11 000 personnes et vous entendez 12 000 brésiliens reprendre en cœur La Bohême le surlendemain… C’est dément ! Je me sens super privilégié d’avoir vécu ça, c’était tellement fort. Au-delà du chanteur et performeur, quel bonhomme !

Une autre rencontre marquante pour vous, c'est celle avec Paul Mc Cartney. C'était à quelle occasion ?

J’ai fait il y a longtemps deux galas dans la banlieue de Londres avec lui. C’est chouette de voir un gars de cette trempe-là jouer sur scène, avec le même plaisir qu’un gamin qui répéterait dans la cave avec ses potes. Il n’a pas fait de la musique pour être célèbre mais comme moi et comme des milliers d’autres musiciens : se faire plaisir. Ça me conforte dans l’idée qu’il faut faire ça avec honnêteté. Vous savez, c’est le seul boulot où on peut vivre des semaines et des mois de galère et où une seule soirée peut tout effacer !

☛ Propos recueillis par Sandrine Bavard en décembre 2018

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