ATTRACTION(S) L'étreinte du tourbillon

La Biennale de la Photographie de Mulhouse investit
14 lieux d'exposition, dont le Musée des Beaux-Arts à Mulhouse. Ici, il est question de désir amoureux à travers le regard de neuf artistes.

L’Étreinte du tourbillon réunit neuf photographes autour du désir amoureux, et bien souvent de leur propre désir envers leur bien-aimé.

Parmi les photographes les plus connus, Denis Roche, un des chantres de la « photo-autobiographie » dans les années 80, a réalisé des autoportraits avec sa femme Françoise dans des chambres d’hôtel. Dans ses photos en noir et blanc, il multiplie les jeux de reflets et de miroirs, et se livre avec sa partenaire à un jeu de cache-cache inhérent au désir amoureux : là, un nombril qui se dévoile quand on enfile une chemise, ici, un poteau qui cache un baiser fougueux !

Dans l'intimité du couple

Avec cette exposition, on entre dans l'intimité du couple, dans la chambre à coucher, de façon plus ou moins pudique. Julien Magre expose ainsi son quotidien amoureux, de sa rencontre avec Caroline jusqu’à la naissance de leur enfant dans des petits tirages disposés dans des grands cadres, de sorte qu’on a l’impression de feuilleter l’album de famille . « C’est très vite devenu un rituel, il y a eu d’abord cette distance, cette timidité dans les images. Puis j’ai appris à la connaître, à la saisir tout entier. Une histoire d’amour, une histoire d’images a commencé », explique le photographe dans un de ses carnets.

Des travaux narratifs

Plusieurs travaux sont dans une veine narrative. Alan Eglinton met en scène une demande en mariage qu’il a faite à sa compagne Eunji Park peu avant leur voyage en Corée du Sud, d’où elle est originaire. En texte et en images, et avec une pincée d’humour so british, il raconte ses inquiétudes et ses espoirs, pour finalement réitérer sa demande et proposer une réponse à choix multiples : Yes, No, Maybe, d'où le titre de cette série.

Thomas Boivin signe lui une sorte de roman photo – une « mise en page cinématographique » diront les organisateurs - qui raconte un amour éclair, entre Paris, Rome et Lisbonne : les textes plantent le décor tandis que les photos s’attardent sur un visage, un dos, une chevelure.

La métaphore du désir

A côté de ces travaux narratifs et réalistes, on peut voir d’autres séries plus métaphoriques et techniques sur le désir. C’est le cas de Bernard Faucon, proche des arts plastiques avec sa série « Chambres d’amour  , des pièces à l’abandon d’où surgissent des corps, des herbes folles ou des éclats de lumière dans une mise en scène très étudiée.

Anne-Lise Broyer signe une série au long cours, « Regards de l’égaré » d’après deux textes de Marguerite Duras, qui se situe à la frontière entre la photographie argentique et le dessin à la mine graphite.

Lucile Boiron a elle joué les voleuses d’âme pour faire des captures d’écrans de personnes sur des sites de camshow, sorte de téléphone rose 2.0. Elle les a retravaillés selon un procédé ancien, la gomme bichromatée, qui leur donne un aspect pictural mais plus trouble encore.

Pour tous ceux qui veulent en savoir plus, Anne Immelé, commissaire de l’exposition, fera la visite le dimanche 12 août à 15h.

A noter :

Samedi 2 juin 2018 à 14h : Rencontre avec des photographes de l’exposition et la commissaire Anne Immelé.
Dimanche 12 août 2018 à 15h : Visite de l’exposition par Anne Immelé, commissaire de l’exposition.
Vendredi 31 août 2018 à 18h30 - Conférence « Amplifier l’existence : la « photobiographie » des années 1980 à nos jours » par Hélène Giannecchini, écrivain, critique et commissaire, docteur en littérature et membre de l’Institut ACTE (Paris I/CNRS. La photographie, considérée comme fragment d’existence, trace idéale et mémoire de ce qui est vécu, devient ainsi indispensable à toute démarche autobiographique sans pour autant supplanter le texte ; dans une perspective « photolittéraire », dire et montrer participent d’un même récit de soi.
Dimanche 2 septembre à 15h : Lectures de textes de Denis Roche et Hervé Guibert et Alix Cléo-Roubaud.