Blablabla

Un immeuble de la rue des Trois Rois à Mulhouse se transforme en galerie géante, à l’initiative de l’artiste Dominique Bourgois. Il y organise une exposition collective, Blablabla, réunissant 90 artistes du Haut-Rhin jusqu’au 24 décembre.

Exposer 90 artistes dans un immeuble de 1000 m², c’est l’idée de Dominique Bourgois, peintre qui avait déjà un atelier à Motoco à DMC mais qui occupe aussi depuis avril dernier le rez-de-chaussée d’un immeuble rue des Trois rois dans le centre-ville de Mulhouse, histoire de gagner en visibilité. Cet artiste a pour le moins un parcours atypique : il a fait les Beaux-Arts de Mulhouse mais a longtemps travaillé comme commercial dans l’industrie textile, avant de tout plaquer il y a trois ans pour la peinture : « J’ai perdu un être cher et j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit jeune sur le fait de vivre sa vie. J’avais mené la vie que ma famille voulait que je fasse, et je me suis dit que maintenant j’allais vivre celle que je voulais. » Et puisque la chance sourit aux audacieux, Dominique Bourgois n’en a pas manqué quand il a flashé sur cet immeuble rue des Trois-Rois : « L’immeuble n’était ni à vendre ni à louer, mais j’ai réussi à trouver le nom du propriétaire et obtenir un rendez-vous. Je lui ai présenté mon projet - qui correspondait ce qu’il aurait aimé faire lui-même plus jeune - et au bout de deux heures, il m’a donné les clés et m’a dit : " Tenez, vous êtes responsable de l’immeuble ". En gros, c’est comme un mécène qui me laisse carte blanche », explique tout sourire Dominique Bourgois.

Peinture et sculpture

Mais pas question de garder tout ça pour lui. Il veut faire profiter à d’autres artistes du département de cet immense espace, en organisant des expositions collectives. La première, du 16 novembre au 24 décembre, réunit donc 90 artistes sous le nom de Blablabla : « Il y a deux raisons à ce titre. La première, c’est que ça titille la curiosité. La seconde, c’est qu’à notre époque, on parle beaucoup, mais on ne fait pas grand-chose ». Comprenez, tout le contraire de lui, qui fait pas mal de choses, avec peu. A part le rez-de-chaussée, refait à neuf, l’immeuble est resté dans son jus, permettant aux artistes de s'approprier les lieux chacun à leur façon. Ainsi, le sculpteur et soudeur Damien Ley s’est servi d'un trou au plafond, dû à une fuite d’eau, pour y faire descendre une immense araignée. L’association Vortex-X a elle tissé sa toile au sous-sol, avec des déchets de lingette, pour tracer un parcours poétique et musical, où des oiseaux se seraient libérés de leur cage.
Dans cette exposition, on retrouve des noms familiers comme ceux d’Yves Carrey, Daniel Dyminski, Sandrine Stahl, Anne-Marie Ambiehl, mais aussi des jeunes pousses qui méritent un coup de projecteur : « J’avais envie d’inviter des artistes qui ne sont pas forcément exposés dans les galeries. Beaucoup font du très bon travail, mais peut-être pas assez commercial pour intéresser les galeries. » Chaque artiste présentera une œuvre, peu importe son style, mais uniquement de la peinture, de la sculpture ou des installations qui nécessitent de travailler la matière. « Et je ne veux surtout pas d’objets usuels, qui aient une utilité pratique comme des bols en céramique ou des luminaires… Ce n'est pas un marché de Noël », clame Dominique Bourgois.