Le bestiaire du mur

Le Musée du Papier Peint de Rixheim dévoile sa nouvelle exposition temporaire, intitulée "le Bestiaire du Mur", ou une sélection de pièces représentant les animaux dans le papier peint. A voir dès le 7 avril 2018 et jusqu'en septembre 2019.

Qu’il soit domestique ou sauvage, apprivoisé ou nuisible, l’animal fascine l’homme depuis la préhistoire. Son statut a évolué en même temps que sa perception : mieux connu par la zoologie, récemment considéré comme un être doué de sensibilité, il reste néanmoins soumis pour sa survie au bon vouloir des humains. Le papier peint comme les autres arts décoratifs le représentent fréquemment, de façon naturaliste ou stylisée, en jouant sur l’émotion qu’il procure : le cheval et le chien instaurent un climat de confiance, les oiseaux et les insectes s’insèrent dans des ramages verdoyants et apaisants tandis que la faune sauvage stimule l’imagination en évoquant des contrées lointaines.

L'animal. Un sujet simple et qui s'impose de lui-même, à travers les siècles. « Le rapport homme/animal a toujours existé et très tôt, l'homme a cherché à représenter la faune. Les Grottes de Lascaux en sont un exemple parlant », sourit la commissaire de l'exposition Isabelle Dubois-Brinkmann. « Il y a l'animal que l'on trouve beau, celui qui fait peur ou encore celui que l'on mange... Tout est une question de perception. Au fil du temps, cette perception a évolué et il en va de même dans la manière de représenter les animaux. »

Une représentation de l'animal qui évolue

Vous allez comprendre de suite en vous arrêtant un instant dans l'espace consacré aux papiers peints qui dépeignent des scènes de chasse. Ici, un panoramique Zuber qui donne à voir des cerfs et des sangliers visiblement terrifiés par des chasseurs à courre fondant sur eux ; ou là, des scènes "de chasse en Ethiopie", motif daté de 1936, qui représente une poignée d'hommes en train de tirer au fusil sur des éléphants ou de terminer à la lance une girafe... On imagine alors la psyché du type qui voulait absolument avoir ça dans son salon. Il faut voir cela avec les lunettes de l'historien : c'est bien en cela que l'expo regorge de détails intéressants.

Plus pédagogique : la période du XVIIIème siècle, où l'on idéalise la vie paysanne. « On s'intéresse alors à l'histoire naturelle, on voit apparaître les classifications des espèces et les connaissances sur les animaux du monde se diffusent... Alors qu'au XIXème siècle, on est davantage dans une représentation ornementale de l'animal, avec souvent, un bestiaire médiéval d'animaux folkloriques ou fantastiques, qui évoquent un univers de conquête, assez masculin. On verrait bien cette Chimère ou cette Vouivre dans un fumoir », détaille la commissaire qui connaît son sujet sur le bout des doigts.

Isabelle Dubois-Brinkmann a sollicité de nombreuses manufactures européennes et américaines afin de montrer ce qui se fait actuellement en la matière de papiers peints. Rhinocéros gigantesque photoshopé, dessins pop, papiers peints pour chambres d'enfants avec de jolis coups de crayon d'illustrateurs de talent... On trouve vraiment de tous les styles. Les animaux, un sujet tout bonnement increvable. ? M.O.