Mitsuo Shiraishi : Ténèbres lumineuses

Le Musée des Beaux-Arts de Mulhouse consacre pour la première fois une exposition au peintre japonais Mitsuo Shiraishi, qui vit à Mulhouse depuis 1992. Son œuvre poétique et onirique part toujours d'un questionnement.

Ténèbres lumineuses. Comme souvent, Mitsuo Shiraishi a choisi un bel oxymore pour le titre de son exposition, lui qui aime mettre chaque idée en contradiction « comme dans la vie » : « Rien n’est figé dans un seul sens, il y a toujours un contre-sens, une force qui va de droite à gauche, pour former un tout », déclare l’artiste, fidèle à la philosophie japonaise bien qu’installé en France depuis 30 ans maintenant.

Ce titre démontre surtout l’évolution de l'artiste, happé de plus en plus par la lumière ces deux dernières années et par ce moment d'équilibre et de déséquilibre entre le jour et la nuit : « Au début, quand je faisais de la gravure en noir et blanc, avec un dessin très fin, je n’avais aucune marge de manœuvre pour travailler le clair-obscur. La peinture me le permet. La lumière, comme la nature, peut être artificielle (les lampadaires) ou naturelle (le ciel) : est-ce que cet éclairage est source d’espoir, de désespoir ? Est-ce une harmonie ou une lutte ? J’aime beaucoup cette ambiguïté. »

Des objets familiers

L’artiste part toujours d’un doute ou d’un questionnement « philosophique ou métaphysique » pour composer ses œuvres. Il choisit alors un paysage dont on ne sait s’il est réel ou fantasmé : une montagne, une roche, un désert, souvent nimbé de mystère, plongé dans la pénombre. « J'attache beaucoup d’importance à la mémoire visuelle, C'est comme une passoire : l’essentiel traverse. Un jour, je remarque qu’un paysage est absolument nécessaire comme décor pour le questionnement que j’ai. »

Vers l'épure

Tel un scénographe, il place ensuite ses pions, ses objets fétiches pour lesquels il nourrit une vraie affection et qui remontent souvent aux souvenirs d’enfance à des endroits précis, et souvent sans présence humaine.

Et plus il prend de l'âge, et plus Mitsuo Shiraishi revient à ses racines japonaises et tend vers l'épure : « Quand il y a un objet, il y a une signification, une ampleur, qui rajoute une voie d’interprétation. Ça parle trop ! Le non-dit peut avoir davantage de sens. Comme en musique, ce ne sont pas toutes les notes qui sont importantes mais ce qui est entre les notes. Mais pour l’entendre, on a besoin de jouer toutes les jouer », explique-t-il.

Ses toiles sont des pistes à suivre, avec des labyrinthes sinueux, des escaliers qui montent jusqu’au ciel, des chemins qui se perdent dans la végétation… « Je donne suffisamment d’éléments pour que l’ensemble puisse fonctionner : je fais une moitié du chemin, le spectateur doit faire l’autre moitié, déclare l'artiste. Il crée une histoire dans sa tête qui est différente de la mienne, issue de son inconscient et de son passé propre. Il trouve des réponses, ou des non-réponses, se perd dans les méandres ».

Dans le cadre de l'évènement Mulhouse Loves Japan.

Finissage de l'exposition le dimanche 13 janvier 2019

Pour marquer la fin de l'exposition consacrée à Mitsuo Shiraishi, le Musée des Beaux Arts de Mulhouse propose un concert-performance dirigé par Nahomu Kuya (percussionniste solo de l'Orchestre Symphonique de Mulhouse). Le concert s'inspire d'une citation de J.Tanizaki (voir ci-dessous) pour jouer des morceaux musicaux en résonance avec l’œuvre du peintre, Mitsuo Shiraishi. Rendez-vous sur place à 16h.

« Je crois que le Beau n’est pas une substance en soi, mais rien qu’un dessin d’ombres, qu’un jeu de clair-obscur produit par la juxtaposition de substance diverses. (…) le Beau perd son existence si l’on supprime les effets d’ombre. »
J.Tanizaki

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