Festival Bédéciné 2008 à l'Espace 110 d'Illzach

Le plus grand rendez-vous bédéphilique de l’Est accueille pour sa 24e édition un président mythique : Tibet, accompagné de ses héros Chick Bill et Rick Hochet. Autour de lui, près de quatre-vingts dessinateurs de BD manieront le crayon tout le week-end pour le plaisir des collectionneurs.

Le chiffre est éloquent : 60% des livres vendus en France sont des bandes dessinées. Avec 2 600 titres parus dans l’année, sans compter les innombrables mangas, la BD a décidément le vent en poupe. Fini le temps du mépris, de la sous-littérature... aujourd’hui le 9e Art a gagné ses galons ! Pas étonnant, si l’on se penche sur la créativité foisonnante de ce secteur de l’édition. «Chaque décennie est marquée par un style, explique Denis Gerhart, le spécialiste BD de l’Espace 110. Les années 60 ont vu le succès des comics américains et de la BD franco-belge, les années 70 ont inspiré une bande dessinée française plus proche de la réalité, en 1980 c’était l’apparition des premiers mangas, puis dans les années 90, de l’heroïc fantasy. Depuis 2000, on est plutôt dans une illustration non-réaliste, comme celle de Zep par exemple.»

Tibet le "dinosaure"
Autant de générations réunies lors du festival Bédéciné, avec quatre-vingts auteurs, leurs personnages et leurs aventures, sous le patronage de Tibet. «C’est l’un des derniers dinosaures de la BD franco-belge !», s’enthousiasme Denis Gerhart. Un "grand ancien", de ceux que suivent depuis le début les quinquagénaires d’aujourd’hui, plus gros acheteurs de bandes dessinées. «Les plus jeunes se tournent davantage vers le manga, qui est peu cher, d’un format pratique, avec néanmoins un bon dessin, des scénarios bien écrits. Ils y retrouvent l’univers des jeux vidéo, dans lequel ils baignent», estime le responsable des auteurs, soulignant aussi le rôle des dessins animés et de la télévision dans le succès de certaines BD.
Comme toujours, Bédéciné accueille des auteurs venus des quatre coins d’Europe, avec cette année un accent mis sur l’Italie. «La BD italienne est en plein essor. Elle propose vraiment une grande qualité au niveau des dessins», précise notre spécialiste. Manara, numéro un en Italie, sera ainsi présent pour la première fois à Illzach, avec une exposition événement qui promet d’en offrir plein la vue. Autre expo à ne pas manquer, celle des toiles et aquarelles de Kas, présentant une autre facette du dessinateur.
Mais les collectionneurs viendront surtout pour la précieuse dédicace qu’ils n’hésiteront pas à attendre des heures, avec une patience infaillible. Pourtant, Bédéciné c’est aussi l’occasion de faire des découvertes, de rencontrer des auteurs moins connus et plus disponibles : les grands noms de demain ?