Il était une fois Jean-Marie Bigard

Trop chouette ! Jean-Marie Bigard nous a passé un petit coup de fil pour nous parler de son ultime spectacle best-of : « Il était une fois Jean-Marie Bigard ». A 64 ans, il a décidé d’arrêter les longues tournées... à voir une dernière fois à Sausheim, le 6 février.   ☛ Propos recueillis par Mike Obri

JDS : Vous avez récemment sorti un livre intitulé « Les Trucs qui nous gonflent »... enchaîner les interviews avec la presse, c’est aussi un truc qui vous gonfle ?

Bigard : (rires) Un peu, oui, quand il y en a cinq par jour, cinq fois vingt minutes, ça prend du temps, du temps que je n’ai pas... Qu’est-ce que je fabrique, moi ?! J’ai souhaité faire cette dernière tournée avec mes meilleurs sketchs pour avoir plus de temps avec ma famille et voir mes jumeaux grandir, et cette année, je m’engage dans cette énorme tournée, plus deux autres spectacles : une pièce de théâtre avec Patrice Laffont, "Dernier Tour de Piste", et un spectacle d’humour en duo avec l’excellent humoriste belge Renaud Rutten. J’ai jamais eu un agenda aussi rempli !

Je vous avais interviewé il y presque dix ans et je vous avais demandé où vous vous verriez dans une décennie. La réponse était : sur scène ! Et là, vous arrêtez...

J’arrête les one man show, mais je laisse la porte ouverte à d’autres projets où je ne suis plus seul en scène, à tenir entièrement le binz. Je serai sur scène jusqu’au crématorium... J’ai 64 ans, 33 ans de carrière. C’est un plaisir de jouer avec mes « anciens jouets », l'écume de l'écume, "La Valise RTL", "la Chauve-Souris"... Il y a eu 5000 votants pour classer mes meilleurs sketchs. C’est le « Lâcher de Salopes » qui est arrivé numéro un. T’imagines. Ce sketch-là a 18 ans et je ne pourrais plus l’écrire aujourd’hui ! Impossible ! Mais moi, j’ai le droit de l’ancienneté, je l’ai fait avant qu’on ne serre la vis. Y’a deux ans, Patrick Sébastien m’a invité dans son émission : il voulait que je lui joue le « Lâcher de Salopes ». Quand la chaîne l’a su, on lui a demandé de passer le sketch après 22h et avec une pastille -12 ans. Avec moi, c’est encore le petit vent de liberté. « Ah, on ne savait pas qu’on pouvait encore dire tout ça ! » : c’est ce que les spectateurs me disent.

En regardant dans le rétroviseur, quel est le moment qui vous a rendu le plus fier ?

Facile : remplir le Stade de France. C’est ma fierté. 52 000 personnes, et un défi technique en ce qui concerne le son, avec le décalage entre les premiers rangs et le fond du stade, 198 mètres plus loin ! Cette année-là, j’ai aussi rempli 19 Zéniths. Plus de 150 000 spectateurs... c’est énorme.

Et le moment que vous changeriez ?

Peut-être fermer ma gueule un peu plus. Et surtout éviter la politique. On m’a vu avec Sarkozy à l’époque, c’était une connerie. C’est comme aller sur le champ de bataille en chaussettes ! Je n’oublie pas que c’est lui qui m’a permis de rencontrer en chair et en os le Saint-Père, au Vatican. Un moment inoubliable pour moi. Il m’a présenté au Pape en disant : « Voici un homme qui fait rire la France de façon... » Et là, je l’ai vu chercher ses mots, t’as tout le Larousse qui défilait devant ses yeux ! « De façon très franche ! » A la sortie, la presse italienne s’est demandé qui était ce type qui avait passé cinq minutes avec le Pape, alors que normalement, c’est cinq secondes.

Content de revenir en Alsace ?

Je suis né en Champagne, donc on est dans la même région maintenant ! La France, c’est ma maison, l’Alsace, c’est une des pièces de ma maison. Ce que j’adore, c’est vos eaux-de-vie. Quetsch, mirabelle, framboise... Quand Baffie passe à la maison, il veut toujours de ma mirabelle. (silence) Bon allez, tu me pètes les couilles maintenant, je dois aller faire ma sieste, on se voit à Sausheim ! (rires)