Le gardien des âmes

De Pierre Kretz par la Cie Oc & Co.

Le gardien des âmes, mis en scène par Olivier Chapelet et adapté du roman de Pierre Kretz, est une pièce de théâtre qui trouvera un écho chez nombre d'Alsaciens. Francis Freyburger, originaire de Thann, interprète cet homme qui se réfugie dans sa cave pour faire l'inventaire de sa vie, et celle de ces ancêtres devenus tour à tour Allemands et Français au gré de l'histoire.

Qu'est-ce qui vous a ému dans ce texte écrit par Pierre Kretz?

C'est un texte qui balaye la grande tragédie des Alsaciens depuis 1870, et soulève des questions sur notre identité. Il m'a fait penser à mes oncles, mes parents, qui ont vécu la Seconde Guerre mondiale : mon père était à Stalingrad, certains de mes oncles ne sont jamais revenus des camps russes. C'est une histoire dans laquelle beaucoup d'Alsaciens peuvent se reconnaitre... C'est la première fois aussi qu'en tant que comédien, j'ai l'impression d'avoir été un témoin direct de l'histoire, et de pouvoir transmettre cette mémoire.

Cette pièce existe en deux versions : française et bilingue. Est-ce que jouer en alsacien apporte un plus ?

Le metteur en scène a décidé d'en faire une version dialectale, ce qui m'a permis de retrouver mes racines. Je me sens profondément Alsacien, mais je n'avais jamais joué en dialecte, j'avais perdu cette langue maternelle et c'est formidable de pouvoir l'exprimer au théâtre. La langue alsacienne devient vraiment poétique ou lyrique sur un plateau, loin de ce que l'on peut entendre dans la vie quotidienne. Pour moi, la version bilingue est la plus belle. L'identité alsacienne est à la croisée des deux langues, nous avons cette dualité en nous, comme deux cerveaux : c'est une déchirure et en même temps une complémentarité.

Comment abordez-vous ce personnage qui décide volontairement de se réfugier dans sa cave, porteur des traumatismes de la guerre ?

Ce qui m'intéresse, c'est son questionnement. Il a un problème et va d'ailleurs voir un psy tous les mardis pour le régler. Tous ses parents, ses oncles, ont participé à la guerre, et lui se sent inutile car il n'a pas participé à la grande histoire. Cet homme est seul avec lui-même, il se plonge dans une longue méditation, et c'est sa voix intérieure qui parle. Il y a beaucoup d'humanité qui se dégage.

On vous sent très heureux d'endosser ce rôle...

C'est un cadeau immense. Sur le plateau, je me sens submergé par cette histoire qui me dépasse et que je porte. Cette pièce est quelque chose d'unique dans ma carrière, puisqu'elle est liée à mon histoire personnelle, d'où une certaine sincérité je crois.

Vous jouez cette pièce en dehors de l'Alsace également...

On a déjà joué cette pièce en Suisse, en se demandant si cette histoire très alsacienne intéresserait aussi d'autres publics. Les spectateurs ont vite été touchés, parce qu'il y a une universalité du texte, simple et facile d'accès, mais qui cache quelque chose en dessous, de l'ordre de la psychologie des profondeurs. Nous allons aussi le présenter au festival d'Avignon cet été, dans un théâtre dans le cadre du off: c'est une chance immense pour exploiter ce spectacle en dehors de l'Alsace.

Propos recueillis par Sandrine Bavard

Renseignements

Les Tanzmatten - Sélestat 67600 Sélestat

03 88 58 45 45

Tarifs :

5,50/9/12/14€

Le Parc - Scène de Ribeauvillé 68150 Ribeauvillé

03 89 73 20 00

Tarifs :

5,50/6/12/15€

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