Avec délicatesse

Délicatesse : n. f. Finesse et précision dans l’exécution. Qualité de ce qui se distingue par sa finesse d'exécution et sa légèreté, son aspect élégant et recherché. 

Pour sa première exposition de l’année, la Galerie Robet Dantec a réuni cinq artistes dont les oeuvres se distinguent par le raffinement  et la dextérité avec lesquels les artistes les ont créées. 

Volontairement, les cinq plasticiennes choisies interviennent chacune dans un champs artistique différent: le dessin à l’aquarelle sur feuille de pierre d’Isabelle Vorle, les peintures sur papier découpé de Juliette Jouannais, l’art du Kinstugi  pour les roches de montagne de Rebecca Brueder, le geste répétitif et précis qui donne forme aux fils et toiles de coton de Jamila Wallentin, et enfin la fragilité de l’instant et la douceur des photographies de Anne Immelé. 

Rebecca Brueder
Vit et travaille à Marseille 

Ce qui alimente le travail de Rebecca Brueder au quotidien, c’est l’idée de la pierre. La pierre non pas en tant que matériau, mais en tant qu’objet : sa forme, son poids, sa couleur, les courbes qu’elle dessine, ses lignes… L’artiste s’intéresse à ce qu’elle représente, un monde muet, une idée d’un corps qui nous subsiste, qui attend, un rapport à la mélancolie, une forme poétique reliée à l’idée de quelque chose de pérenne, à l’écoute. Sur les chemins du Monts Ventoux ou dans les vallées pyrénéennes, elle a ramassé les pierres brisées et les a "réparées" selon la technique japonaise du Kintsugi, destinée à réparer et à sublimer de fragiles  porcelaines avec de la poudre d’or. Un geste à la fois fou, poétique et emprunt d’une conscience écologique : celui de vouloir réparer les montagnes. 

Dessins, sculptures, installations… les oeuvres de Rebecca Brueder sont régulièrement montrées en exposition en France et à l’étranger. 

• Anne Immelé
  Vit et travaille à Mulhouse 

Artiste photographe et commissaire d’exposition, Anne Immelé est également directrice de la Biennale de photographie de Mulhouse. 
Ses oeuvres interrogent notre rapport au territoire dans ses multiples dimensions : géographique, humaine, sociale mais aussi mémorielle et poétique. Pour l’exposition à Belfort, elle présente des photographies issues de sa dernière série « Jardins du Riesthal ». Entre fragilité des plantes, des fruits délicatement cueillis, des êtres enfantins abandonnés à la paresse, les images vaporeuses en noir et blanc évoquent la fugacité d’instants précieux, un rapport à la  nature sensuel, un paradis que l’on voudrait éternel. 
Anne Immelé a récemment participé aux expositions  « Paysages Français, une aventure photographique" à la Bibliothèque Nationale de France (2017-2018) ou encore « 50 ans de photographie française » au Palais Royal (2020). 

• Juliette Jouannais
  Vit et travaille à Paris

Juliette Jouannais sculpte la couleur. C’est ainsi que le journaliste et critique d’art Harry Bellet titrait son article paru dans Le Monde en 2020, à l’occasion de l’exposition personnelle de l’artiste à la Fondation Fernet Branca (Saint-Louis). Et en effet, les papiers délicatement découpés en dentelle, épinglés en volutes sur le mur ou sur le fond du cadre, se font oublier au profit de la couleur qui contamine par réflexion les surfaces blanches. La mise en forme est une opération si délicate que l’artiste ne laisse personne le faire à sa place. « Allant du plan au volume, ses reliefs serpentent dans un mouvement gracile où le trait se marie à la forme et au plan pour faire  surgir un ressenti du monde qui en serait l’éblouissement à la lumière de la vision.  » (Philippe Cyroulnik, critique d’art) 

• Isabelle Vorle
  Vit et travaille en région parisienne

Dans ses dessins à l’aquarelle et à l’encre, Isabelle Vorle expérimente comme le ferait une chercheuse de laboratoire. Elle dispose la flaque sur le papier, ajoute ici et là la couleur, dosée au plus juste. Il lui arrive parfois de manipuler le papier, de le soulever pour donner forme au dessin liquide, dans un processus qui a plus à voir avec la recherche haptique que visuelle. Sa série des Agates a notamment été réalisée sur des feuilles de pierre, un papier sans fibre végétale, uniquement composé de poudre minérale. Extrêmement lisse, il permet au dessin à l’aquarelle de glisser comme l’eau sur la pierre et, une fois séché, évoque un voile de couleur traversé par la lumière. 
Isabelle Vorle réalise également des films expérimentaux. Son dernier film, « Stone Eve » (2020) a été primé dans de nombreux festivals internationaux. 

• Jamila Wallentin
  Vit et travaille à Strasbourg 

Jamila Wallentin crée des formes à partir de matières familières qui induisent des gestes, tels que le tissus et le fil de coton. Certains motifs persistent dans ses recherches, en particulier le cercle, la sphère et le mouvement rotatif. Des techniques comme le tour, le bobinage, le filage et la corderie reposent sur un déplacement circulaire, une façon progressive de faire émerger des volumes. De ces procédés naissent des formes archétypales et intemporelles, comme  la toupie, le fuseau, la cible ou le noyau. 
Dans « Les silencieuses » notamment, la bande de tissu blanc délicatement et patiemment enroulée sur elle-même ne tient qu’avec une simple épingle d’acier, donnant ainsi lieu à une corolle à la fois massive et fragile. « Les incisions », nées de bobinage de fil de couleur, évoquent quant à elles des fruits délicatement ouverts au cutter par l’artiste pour en faire apparaître le coeur. 
En 2022, Jamila Wallentin a remporté le Prix Jeune talent de la MKG Messe de Hambourg, et une de ces oeuvres est entrée dans la collection du Musée d’art contemporain de Strasbourg. 

Jours et horaires d’ouverture : Jeudi et vendredi de 14h à 19h, samedi de 10h à 19h, le premier dimanche du mois de 9h à 13h, ou sur rendez-vous.