Jesers : pourvu qu'on sème !

  • Le 29/01/2011

    Caf'Conc' - fermée | Ensisheim

Jesers sort un nouvel album intitulé J'aimerais qu'on sème, à l'image du chanteur et compositeur : métissé. L'occasion de rencontrer cet artiste ouvert et spontané, qui enchante autant les mômes que les mamies.

La musique a bercé l'enfance de Serge Moniz, Jesers de son nom de scène, depuis le berceau ou presque. Son père, né au Cap Vert dans ce pays où la musique est présente à chaque coin de rue, dans les bars ou les épiceries, sur la plage ou sur une place, lui a légué cet héritage presque malgré lui : « Je n'ai pas fait de la musique pour monter sur scène, pour sortir des disques ou pour signer des autographes, mais parce qu'il y avait tout le temps de la musique chez moi. J'assistais aux répétitions de mon père et de mes oncles qui travaillaient tous en usine ici et qui remplissaient des stades l'été au Sénégal», se rappelle Jesers.

Aujourd'hui, ses racines africaines influencent énormément sa musique : « Je suis né à Mulhouse mais j'ai grandi avec les soirées organisées par la communauté capverdienne. Je n'étais pas spécialement fan au départ, mais avec le temps,cet intérêt revient. Et j'ai aujourd'hui, à 39 ans, une envie incontrôlée de mes racines, sans doute aussi parce que je suis papa et que j'ai besoin d'expliquer à mes enfants d'où ils viennent. »

Cette ouverture au monde, il l'a également vécu à travers son ancien groupe, la Vieille école composé d'un algérien, d'un italien et de capverdiens, qui s'est produit jusqu'au Japon et aux Etats-Unis. Il y affectionnait déjà les mélanges : « On n'était pas des représentants français du hip hop américain. Chez nous, on ne mangeait pas d' hamburger-frites mais plutôt du couscous ou des spaghettis. On nous disait toujours que c'était pas vraiment du rap.»

L'amour des mots

Pas sectaire pour un sou, Jesers a en effet ouvert ses écoutilles à bien des styles musicaux : le reggae, le funk, le hip hop et puis le rap : « J'ai grandi à la Zup et quand le hip hop est arrivé en France, j'ai fait du graff, de la danse. Puis ce fut le tour du rap et je suis tombé amoureux des mots de MC Solaar et d'Akhenaton, je me suis mis à l'écriture. »

Difficile à croire mais celui qui jongle aujourd'hui si facilement avec les mots, les mettant sans dessus-dessous, jouant sur les sens et les sous-entendus, était un « cancre » à l'école : « Le vrai déclic vient d'ateliers d'écriture que j'ai fait avec des collégiens. Je me suis mis à rechercher le mot juste, pas uniquement dans sa signification, mais dans la sonorité. J'aime aussi écrire avec plusieurs plans, comme au cinéma, pour découvrir un nouveau sens au texte à chaque écoute.»

Une musique du monde

C'est d'ailleurs à l'occasion d'un de ces ateliers qu'il a rencontré Arnaud Masson, avec qui il a composé et produit son nouveau disque J'aimerais qu'on sème, à paraître en février. Avec ce message simple mais tellement porteur : semer de l'amour, semer des envies, semer des projets... Et les petites graines de Jesers commencent à pousser : après une tournée de 60 dates dans la région l'été dernier, ces concerts rassemblent toujours autant, au-delà des âges et des origines. Pour expliquer son succès, Jesers hésite : « J'ai des mélodies un peu enfantines qui peuvent plaire aux petits, il y a des textes plus poétiques pour les anciens, et puis c'est un voyage vers d'autres pays.»

Sur scène, Jesers invite aussi aux rencontres : accompagné de Marc Geschickt à la guitare et de Philippe Moniz à la batterie, il donne parfois la « parole » à Adamo, un danseur sourd et muet, qui traduit un texte en langue des signes dans une chorégraphie spectaculaire « C'est un exemple merveilleux de quelqu'un qui bouffe la vie. C'est fabuleux d'être sur scène avec lui et ne faire plus qu'un ! »


En passant...

- Jesers a été élu alsacien de l'année 2010 par les lecteurs de l'Alsace, avec un tiers des suffrages.

- Jesers, c'est Serge en verlan...enfin à l'envers.

- Le T-shirt floqué du titre phare de son album J'aimerais qu'on sème aurait un certain succès chez les jardiniers !

- Quand il n'est pas sur scène, Jesers travaille dans le bâtiment. Il a monté sa petite entreprise de carrelage il y a 11 ans. 

A lire également :

J'aimerais qu'on sème, le nouvel album de Jesers

Renseignements

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03 89 81 76 83

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