Pour beaucoup, la méditation est liée à une pratique spirituelle ou religieuse. Mais il existe une version universelle et laïque : la méditation de pleine conscience.
Le programme MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction)comporte 8 séances hebdomadaires © Sandrine BavardElle a été mise au point en 1979 par l’Américain Jon Kabat-Zinn, titulaire d’un doctorat en biologie moléculaire obtenu au célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT) et fondateur de la première clinique de réduction du stress par la méditation de la pleine conscience (MBSR).
« Il pratiquait la méditation zen et le yoga, faisait aussi des retraites, et se disait que tout le monde devrait en faire pour aller mieux. Il a eu l’idée intelligente de mettre au point un programme de méditation, sans Bouddha, sans spiritualité, pour amener les gens à cet exercice pratique, pour en faire une gymnastique de l’esprit », précise Christophe Coupas qui enseigne ce programme à Strasbourg, Colmar et Mulhouse.
Ce programme s’étale sur 8 semaines, à raison d’une séance de 2h30 par semaine, pour apprendre à « porter son attention, intentionnellement, dans l’instant présent, sans jugement et sans pensées parasites » via des exercices de respiration et de yoga, debout, assis ou couché. « On travaille sur un muscle qui est l’attention : à chaque fois que je la perds, je la ramène encore et encore. Quand ma pensée s’égare : est-ce que j’ai mis assez d’argent dans le parcmètre ? Qu’est-ce que je vais manger ce soir ?, je reviens ici et maintenant, dans mon souffle et mon corps. On a 50 000 pensées par jour : combien sont utiles ? Combien nous ont aidé à agir ? Quelles étaient les projections d’angoisses qui ne sont jamais réalisées ? » questionne Christophe Coupas.
Pour l’instructeur, se recentrer sur soi-même, sur son corps et son esprit, c’est améliorer « la qualité de présence à soi-même ». Et de prendre un exemple où chacun pourra se reconnaître : « Quand on est en vacances depuis assez longtemps pour avoir oublié son train-train quotidien, qu’il fait chaud et qu’on prend une douche à n’importe quelle heure de la journée, on sent cette fraîcheur qui fait du bien à son corps. Quand on prend cette douche le premier lundi de septembre avec la rentrée des enfants et la réunion du comité à 14 heures, on ne pense plus à la sensation des gouttes d’eau sur son corps. On passe à côté de ces choses parce qu’on est accaparé par nos problèmes. »
A la différence de la relaxation ou de la sophrologie, la méditation en pleine conscience ne chasse pas les émotions négatives ou douloureuses : « On apprend à accepter et faire face à ce qui est là et qui prend trois formes : les pensées, les émotions, les sensations corporelles. Trop souvent, on est victime de ses pensées, trompé par ses émotions qui déforment la réalité, et on ne sent son corps que quand ça va mal. On apprend à sentir : une tension dans les épaules, une boule dans la gorge ou une crispation des mâchoires… Et plus on aiguise son discernement, plus on sera capable de savourer les bons moments quand il y en a et plus on sera capable de ne pas se laisser emporter dans sa narration quand ça va mal. Dès que je suis dans le « toujours » ou « jamais », je suis en train de me faire un film. Il n’y a pas de jamais, pas de toujours, tout change toujours », affirme Christophe Coupas.
Si la méditation rencontre un tel succès aujourd’hui, c’est qu’elle apporte un certain nombre de bienfaits, à commencer par la réduction du stress et de l’anxiété comme l’ont démontré de nombreuses études. « Le mécanisme du stress suit une courbe : il y a un déclencheur, un pic de stress qui libère des hormones et qui met beaucoup de temps à redescendre chez des personnes très stressées, plusieurs heures, jours ou semaines. Ici, on apprend à redescendre le plus vite possible : c’est ça le gain, récupérer des minutes, des jours, des heures de stress inutile », explique Christophe Coupas.
Autant dire que la méditation attire des personnes aux profils variés : personne dépressive, patron en burn out, parents débordés, malades qui souffrent d’une pathologie chronique ou dont la qualité de vie s’est brutalement dégradée… « Les bienfaits sont énormes. On porte un nouveau regard sur la vie, qui n’a peut-être pas changé. On a toujours le même patron, le même mari, les mêmes emmerdes comme chanterait Azanavour… mais j’ai un regard nouveau sur tout ça et je me réjouis des petites choses que je ne voyais pas avant. »
Pour Christophe Coupas, la méditation est comme « une hygiène mentale » à entretenir, si possible 10 à 20 minutes par jour, ou deux à trois fois par semaine, comme pour n’importe quel sport. « Dans cette société, on est toujours dans la course, dans l’action, tourné vers quelque chose. Une autre expérience est possible, celle de ne rien faire. Ce n’est pas de la paresse, ce n’est pas du je-m’en-foutisme. Se poser sur un coussin et méditer, c’est un acte révolutionnaire à mon sens. »
J’ai fait un burn out il y a deux ans et je voulais sortir de cet état dépressif. Même si j’étais soignée par la médecine traditionnelle, je n’arrivais pas à retrouver mon état d’avant, mon énergie d’avant.
Je pratiquais déjà la méditation, de façon un peu aléatoire. Les séances m’ont permis d’ancrer une pratique quotidienne : c’est devenu un art de vivre. Je pratique tous les jours entre 30 et 45 minutes, et je m’accorde des moments dans la journée où je suis pleinement consciente de ce que je fais et où je ne pense pas autre chose, par exemple en me brossant les dents ou en faisant la vaisselle...
Non. Cet été, je n’ai pas pratiqué, et j’ai remarqué que j’allais moins bien, au niveau physique et mental. J’avais des moments de fatigue, de questionnements. Quand on médite régulièrement, le mental ralentit, s’apaise. Si on médite moins, on redevient un hamster mental, avec des pensées qui tournent en boucle, plutôt négatives, qui pompent de l’énergie pour rien.
Oui, vraiment. Je suis beaucoup plus sereine. Il y a encore des moments de stress. On ne peut pas vivre sans, mais j’arrive à mieux le gérer. Avant, à la moindre contrariété, je montais dans les tours très vite. Une pratique régulière permet de stabiliser ses humeurs, et de se poser avant de prendre une décision et d’agir.
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