Mulhouse, l’Alsacienne atypique

Capitale européenne des musées techniques, nouveau rendez-vous de l’art contemporain, Mulhouse a plus d’un tour dans son sac pour dévoiler et transcender son glorieux passé industriel.

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Place de la Réunion, les terrasses fleurissent dès les beaux jours.

Singulière dans le paysage des villes alsaciennes, Mulhouse puise une identité forte dans son histoire ouvrière. Une histoire d’hommes, d’abord, dont témoigne un patrimoine passionnant, qui se révèle bien volontiers, de quartier en quartier, pour peu que l’on montre quelque curiosité.
Particularité mulhousienne, les fameux murs peints attirent le regard des passants, au détour d’une rue ou au fond d’une cour. Parce qu’elle était noire et triste, la "ville aux cent cheminées" a eu l’idée de se colorer de la sorte... et de transformer ainsi son handicap en atout ! Mais bien avant l’ère industrielle, c’est l’Hôtel-de-Ville qui, le premier, a vu sa façade s’orner d’une fresque, en 1698. Sur la place de la Réunion, plusieurs maisons arborent ainsi des décors peints, comme l’actuelle Caisse d’Epargne, ancien poêle de la corporation des tailleurs, au Moyen Age (on aperçoit encore les ciseaux sur la façade, symboles de ce métier). Non loin, on s’arrêtera sur la place des Cordiers, où une fresque représente une scène conviviale de la vie quotidienne mulhousienne. Le plus plaisant est sans doute de flâner au gré du vent en levant les yeux, et de se laisser surprendre par la soixantaine de murs peints qui s’offrent à travers la ville comme dans un musée iconographique à ciel ouvert.

Cité-jardin et villas remarquables
Pittoresque symbole de l’histoire industrielle de Mulhouse, la cité-jardin, unique en son genre, mérite une promenade à elle seule. Située à quelques pas du Marché (le plus grand de l’Est de la France), cet ensemble d’un millier de petites maisons et jardinets pleins de charme, créé au XIXe siècle pour loger les ouvriers (l’accès à la propriété était alors une originalité mulhousienne), est le précurseur des cités ouvrières qui fleuriront en France au long du siècle. Oeuvre urbanistique exemplaire, elle a inspiré la Cité Manifeste, sa voisine qui réinvente l’habitat social en version contemporaine, dont certains bâtiments sont signés de l’architecte Jean Nouvel.

Et pourquoi ne pas poursuivre cette plongée dans le passé industriel de Mulhouse par une belle balade dans le quartier du Rebberg ? Après la cité ouvrière, découvrons son pendant : le havre de verdure qui accueillit dès 1840 les capitaines d’industrie de Mulhouse. Là aussi, on peut compter deux bonnes heures d’exquise flânerie, en suivant par exemple le circuit balisé par le Club Vosgien (au départ de la gare, suivre le cercle vert). Véritable conservatoire de l’architecture du XIXe et du début du XXe siècle, la colline du Rebberg abrite de somptueuses villas aux influences très variées. A ne pas manquer : une extraordinaire demeure de type mauresque construite en 1901, à l’angle des rues du Moenchsberg et du Ventron. Cachées par une végétation luxuriante, parfois par des murailles de pierres ancestrales, les étonnantes propriétés du Rebberg dégagent un charme plein de mystère, flottant sur la colline.

En continuant vers la forêt du Tannenwald, on prendra la direction du très beau parc Wallach, dont la magnifique roseraie embaumera la fin de cette visite insolite à la découverte d’une ville multiple et complexe, de tout temps terre d’accueil.