Foisonnants dans la région, les vide-greniers ont leurs aficionados : chineurs, collectionneurs ou simplement monsieur et madame tout-le-monde en quête d’une bonne affaire. S’il est de plus en plus rare d’y dénicher la perle, l’ambiance conviviale des marchés aux puces invite aussi à la balade dominicale.
Chaque dimanche, jour sacro-saint de la grasse matinée, il met son réveil aux aurores. Ce n’est pas l’odeur du café qui le fait sortir du lit, mais celle des bonnes affaires qui n’attendent que lui. Ce drôle d’animal au flair sans pareil a un nom : l’accro aux puces. Cheveu en bataille, sac au dos, étouffant un dernier bâillement, il quitte en vitesse son nid douillet pour arriver le premier dans le village d’à côté, où seuls les exposants se sont levés encore plus tôt que lui. Mais là, ô rage !, quelques congénères sont déjà sur place, les sept coups venant à peine de sonner au clocher. Sans parler des brocanteurs, tombés du lit par conscience professionnelle, qui, forcément, ont l’oeil affûté et bondissent sur les plus beaux objets. Pour l’accro aux puces, la vie est décidément bien rude. Il lui reste tout de même trois bonnes heures avant que les meilleures affaires ne disparaissent. En tant qu’éminent spécialiste des vide-greniers, il sait que tout se joue avant dix heures du matin.
Mais on peut être féru de marchés aux puces et refuser de sacrifier sa grasse matinée. Laetitia et Thomas, un jeune couple du Sundgau, ont trouvé l’astuce : «On fait de très bonnes affaires le soir, les exposants bradent tout avant de remballer !» Dans ces conditions, mieux vaut ne pas rechercher quelque chose de très précis, mais se laisser tenter au gré du vent. Pourtant nos deux experts des vide-greniers ne se promènent pas au hasard : en quête d’outillage pour retaper une vieille Coccinelle, Thomas trouve souvent son bonheur à moindre coût, mais a appris à se méfier des arnaques dès qu’il s’agit d’appareils électriques. «Si le vendeur expose devant sa maison, il ne faut pas hésiter à lui demander de tester l’objet chez lui, pour vérifier qu’il fonctionne correctement.» Quant à Laetitia, qui collectionne les jeux de société, elle est aussi vigilante et contrôle systématiquement le contenu des boîtes. Un réflexe de base pour l’accro aux puces !
Un autre b.a.-ba du chineur consiste à avoir toujours de la petite monnaie en poche : difficile de marchander lorsqu’on sort un gros billet de son portefeuille ; mieux vaut faire l’appoint en brandissant sa «toute dernière» piécette pour convaincre le vendeur de baisser son prix au maximum. D’autant plus qu’on trouve rarement des trésors de grande valeur sur les marchés aux puces. «Dans le temps on trouvait de l’argenterie ou des choses de ce genre, aujourd’hui les gens veulent surtout se débarrasser de leurs vieilleries», estime Mme Muller, qui organise, avec l’association des arboriculteurs, le marché aux puces de Habsheim, l’un des plus grands du département avec cinq cents exposants. Quant à la raison de cette offre en baisse, l’organisatrice a sa petite idée sur la question : «Aujourd’hui, les gens passent par Internet, où ils peuvent vendre leurs articles bien plus chers.»
Une nouvelle concurrence qui touche pareillement les magasins de dépôt-vente, autres cavernes d’Ali Baba pour chercheurs de bonnes affaires. Alors qu’ils étaient douze il y a huit ans, il ne reste plus que trois magasins de ce genre à Mulhouse à l’heure actuelle. «Pourtant, sur Internet il y a des risques d’avoir de mauvaises surprises, tandis qu’un dépôt-vente est beaucoup plus fiable ; nous garantissons même l’électroménager et les appareils technologiques pendant cinq jours», raconte Francis Canart, propriétaire de Troc 68, à Mulhouse. Plus fiables, mais aussi plus chers que les marchés aux puces, les dépôts-ventes permettent néanmoins de faire de bonnes affaires, et assurent des articles triés à l’arrivée, propres et en bon état.
Stéphanie, une jeune chineuse colmarienne, a aménagé une grande partie de son appartement avec des meubles dénichés aux puces ou dans des dépôts-ventes, qu’elle retape ensuite en leur laissant toutefois leur aspect patiné. «J’aime l’idée que ces objets ont déjà eu une vie avant... ils ont une âme !»
Et puis, évidemment, le plaisir des puces, c’est aussi de découvrir les charmes d’un village, de flâner le nez au vent, de rencontrer des gens dans la bonne humeur, de retrouver un peu d’authenticité dans les rapports humains...
Voir notre dossier Agenda des bourses et marchés aux puces dans tout le Haut-Rhin
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