Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett - 1ère expo personnelle par Sophie Nys.

Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett - littéralement « Une table sans pain est une planche », est l’adaptation d’un dicton russe qui approche tant l’objet dans son plus simple appareil matériel que l’histoire qu’il soulève. Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett, et voyez-vous les mots sont plaisants à prononcer, est donc cet implacable jeu conceptuel, économe et rudimentaire, qui adresse tout un pan de l’Histoire, celle du pain et de son absence, et par extension des crises et des famines qui ont traversé l’Europe.

Rencontre avec Sophie Nys autour de la sortie de son nouveau livre publié à l'occasion de cette exposition :

- le 21.04. à 18H30-

 

 

L'artiste contemporaine Sophie Nys expose au CRAC d'Altkirch : elle y soulève principalement des questionnements autour du travail et de l'histoire industrielle, qui a fortement marqué le sud du Haut-Rhin.

Sophie Nys est une Belge qui travaille à Zurich. Elle aime voyager et s'imprégner de l'atmosphère des lieux où elle se trouve. Avec son regard d'artiste, elle a étudié l'histoire d'Altkirch et de ses environs, en se rendant notamment au Musée Sundgauvien, et dans certains musées techniques de la région mulhousienne. Le passé industiel est ainsi une des constantes dans les différents travaux de Sophie Nys. Tout au long de l'exposition, cette expression russe traduite en allemand, Ein Tisch ohne Brott ist ein Brett (qu'on pourrait traduire par : une table sans pain n'est plus qu'une planche) prend tout son sens. Tout parle ici du travail, du pain qui nourrit et du pain... absent, image symbolique de la pauvreté.

Mains brisées et fatigue ouvrière

Une des oeuvres les plus marquantes de l'exposition est cette collection de cinq « ongles » géants, de couleurs très pop, opposée à une archive datant de 1883 relatant les statistiques des accidents du travail de la Société Industrielle de Mulhouse - on y dénombre une décapitation et plusieurs dizaines de phalanges arrachées en quelques mois... Les ouvriers se faisaient littéralement manger les mains. D'où ces cinq ongles, qui sont en outre remplis de cheveux trouvés chez les coiffeurs d'Altkirch.

Autre réflexion sur la dureté des conditions de vie des ouvriers : une oeuvre composée de lits de camp, dont les tissus sont des fragments d'une toile ayant été traînée le long de l'itinéraire Altkirch-Mulhouse, que de nombreux travailleurs effectuaient à pied à l'époque, pour se rendre à l'usine. Ces lits de camp, représentent-ils des blessures supplémentaires, soignées dans une infirmerie, ou représentent-ils enfin un peu de repos bien mérité ? A vous de décider. Les histoires locales continuent de se frayer un chemin le long des allées, ici par l'intermédiaire d'une image retouchée du Schweissdissi (difficile à reconnaître, photographié d'un point de vue...original), là par un tableau en hommage aux mineurs de potasse. L'histoire de l'art contemporain est également abordée, avec What a load of rubbish, qui revient sur le scandale médiatique déclenché par l'artiste minimaliste Carl André et son tas de briques acheté une fortune par la Tate Gallery de Londres. L'histoire sont des histoires.  ☛ M.O.

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