Il pleut, Tulipe.

Exposition collective avec Pedro Barateiro, Simon Bergala, Elise Florenty et Marcel Türkowsky, Samir Ramdani, Melanie Smith, Jessica Warboys.

Vous aviez remarqué ? Les lettres du mot « tulipe » se retrouvent dans « il pleut ». Est-ce un hasard ? Est-ce le destin ? Nous l'ignorons, mais en tout cas, c'est le titre de la nouvelle expo collective visible au CRAC d'Altkirch.

Le point commun des six artistes qui exposent dans IL PLEUT, TULIPE ? Ils s'intéressent aux voix qu'on n'entend pas. Ils donnent à entendre l'inaudible. Et mettent en forme les rapports entre les espèces. Toutes les espèces : les hommes, les animaux, les plantes, les minéraux, la mer... dans leurs subjectivités. Films et vidéos d'art constituent le gros des troupes de cette exposition convergente.
Un curieux conglomérat sonore anime, voire hante, les couloirs du musée. L'une des co-responsables, la bande son de La Situation Actuelle de Pedro Barateiro, où se superposent les bruits de manifestants opposés à l'austérité au Portugal et les sons de tronçonneuses abattant à la chaîne des palmiers malades. La Nature. L'Homme. Même combat ? Même fin de parcours ? Un peu plus loin, dans la vidéo Shadow Machine, on s'interroge sur le rôle de l'objet inanimé qui prend vie, par l'intermédiaire d'images de Bunraku, une forme théâtrale japonaise utilisant des marionnettes de grande taille. Ou une forme de réflexion sur la domination d’un auteur sur son acteur.

Peintures prêtes à porter

Dans un autre registre, les gigantesques peintures de Jessica Warboys : ses Sea Paintings naissent de l’alliance de la mer, du vent, du soleil, du sable, de la main et de pigments. Les toiles, après immersion en haute mer sont étendues sur la plage pour sécher : de l'art naturel, en quelque sorte.

Enfin, création amusante, les toiles peintes greffées à des vêtements (jeans, jupes, t-shirts...) qui interrogent sur la place de la peiture hors-les-murs. Les salariés du CRAC devront à l'occasion porter ces peintures-vêtements à l'extérieur, tout en veillant à laisser un petit "mot d'absence" des peintures pendant leurs escapades hors du musée... ☛ M.O.

Le mot de la commissaire, Elfi Turpin :

IL PLEUT, TULIPE est une exposition qui s’est construite depuis les marges d’un cahier, là où vivent les signes, les mots, les images - des êtres virtuels existant en dehors de tout langage articulé.

IL PLEUT, TULIPE est une exposition de l’ombre, pas que l’exposition soit cachée du soleil par quelque chose ou quelqu’un, (bien que des relations de domination soient redéfinies dans cette histoire), où que l’ombre soit celle, chinoise, manipulée par les hommes, mais plutôt que l’ombre ait une existence propre, au même titre que la pluie, la plante, l’animal, l’image ou le signe qui interagissent comme autant de subjectivités dans le monde.

IL PLEUT, TULIPE associe des artistes qui se mettent à l’écoute de ces existants et de leurs rapports affectifs, des artistes hantés par des virtualités, aux voix minoritaires ou sourdes, avec lesquelles ils conversent ou font alliance.

IL PLEUT, TULIPE envisage alors l’intersubjectivité entre les artistes, le public, des entités libres, comme le lieu même de la production artistique, faisant imploser le vieux duo nature/culture.

IL PLEUT, TULIPE réunit Kevin, un gars de South Central, quartier populaire de Los Angeles, qui est touché par une passion pour l’art et qui a un rappeur dans la tête ; des peintures désorientées qui vivent avec le désir de rendre visible des relations dans un espace où les différences, tout en se fréquentant, ne sont pas transparentes les unes aux autres ; un film animé par les besoins, l’appétit et les pulsions de ses propres images ; des corps colonisés et dévorés par l’austérité et un charançon ; des peintures, nées de l’alliance de la mer, du vent, du sable, de la main et de pigments, sur lesquelles reposent des corps pétrifiés ; une multitude d’êtres pris dans la conspiration de la même nuit d’été d’une banlieue japonaise tropicale.

IL PLEUT, TULIPE est tout à la fois, un poème qui s’adresse à une fleur*, à une chienne**, à un anagramme qui a perdu un L, et une chienne, une fleur qui s’adressent à un poème et à un anagramme qui a un L en trop.

- E. T., janvier 2018.

Renseignements

Centre Rhénan d'Art Contemporain (CRAC) Alsace - Altkirch 68130 Altkirch

Dates et horaires :

Du Dimanche 18 Février 2018 au Dimanche 13 Mai 2018

Tarifs :

Gratuit

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