Le patrimoine industriel des Trois Pays

250 ans d’histoire industrielle dans la région des Trois Pays sont présentés. Cette perspective transfrontalière permet de comprendre comment un pôle industriel régional aussi fortement soudé a pu se développer dans l’espace du sud de Bade, du sud de l’Alsace et du nord-ouest de la Suisse. L’industrie textile dominante depuis le 19ème siècle a stimulé divers secteurs : la construction mécanique, la chimie, la pharmacie et l’alimentation. L’exposition aborde aussi les défis actuels auxquels sont confrontés entrepreneurs et urbanistes : quels sont les thèmes d’avenir? Que faire des zones industrielles historiques quand elles sont partiellement ou définitivement désaffectées ?

Le Musée des Trois Pays de Lörrach présente une grande exposition temporaire consacrée au patrimoine industriel de la région, vu sous l’angle transfrontalier. Une plongée historique qui vous fait comprendre bien des réalités actuelles !

Sur plus de 400 m², l'exposition temporaire Patrimoine industriel des Trois Pays, en place jusqu'au mois de novembre, dresse un tableau détaillé de l’évolution et des innovations industrielles au cours des 250 dernières années dans le sud de l'Alsace, le sud du pays de Bade et l'ouest de la Suisse.

On y apprend notamment que l’industrie textile, dominante depuis le XIXème siècle, a permis de stimuler bien d'autres secteurs comme la construction mécanique, la chimie ou encore l’alimentation. C'est la convergence de plusieurs facteurs qui a permis l'essor économique de la région des Trois Frontières : une vitalité toujours d'actualité aujourd'hui.

L'industrie textile au coeur d'une bonne entente trinationale

L'eau de Mulhouse, réputée très pure, pousse plusieurs entreprises textile à s'y installer dès les années 1750 : l'eau sert au blanchiment du coton. Les pionniers industriels mulhousiens, comme les familles Koechlin ou Dollfus ne tardent pas à développer cette activité. La population s'accroît et le travail agricole recule - ainsi, on aura rapidement besoin de l'industrie agro-alimentaire pour nourrir toutes les bouches. Des pièces de collection viennent illustrer l'art textile : métier à tisser, tissus d'époque...

Frein principal à son expansion économique, Mulhouse est éloignée des ports : il faut 50 jours au coton pour arriver du Havre et à nouveau 50 jours pour l'y acheminer. L'exposition nous apprend que les industriels investissent alors massivement dans les infrastructures de transport. Le canal du Rhône au Rhin est inauguré en 1834. Le chemin de fer arrive au sud de l'Alsace dix années plus tard, fruit d'une réelle coopération entre la France, l'Allemagne et la Suisse.

Pourquoi Bâle est-elle une capitale de la chimie ?

Le phénomène de la frontière a joué un grand rôle dans cet essor économique : pour contourner certaines taxes ou dépots de brevets, des industriels s'installent en Allemagne, comme le suisse Suchard et ses chocolats, alors que les Koechlin se heurtent à des problèmes de brevets de chimie pour leurs teintures. Les Bâlois les accueillent à bras ouvert autour de 1860 : ainsi démarra l'expertise en chimie de la ville suisse ! Cela aurait pu être Mulhouse...

L'aspect humain n'est pas oublié, avec des documents montrant la pénibilité des conditions de travail d'alors : brouette d'entreprise servant à transporter les blessés, règlement intérieur où le travail des enfants est explicité... et même une liste où les employés sont punis d'une amende pour avoir bavardé ! Une expo qui revisite l'adage : on en a fini avec l'histoire mais l'histoire n'en a pas fini avec nous. ☛ M.O.