Michael Landy : Out of Order

Le Musée Tinguely consacre une première rétrospective à l’artiste britannique Michael Landy, depuis ses débuts dans les années 90 jusqu’à aujourd’hui. Des œuvres coup de poing qui dénonce avec force la société de consommation et la vanité des choses.

Out of order. Hors-service. C’est le nom de cette exposition et le constat de Michael Landy qui se fait un malin plaisir à pointer du doigt les dysfonctionnements de notre société de consommation, avec son regard ironique et son esprit contestataire.

Ca commence fort avec une gigantesque machine à broyer les cartes de crédits, dans l’esprit de Tinguely, constituée de scies et de ciseaux menaçants, d’animaux empaillés et de vieux jouets.

Plus loin, un chariot de supermarché dégueule de produits cheap et de slogans accrocheurs, avec en prime l'horripilant argumentaire du vendeur qui pénètre votre cerveau le temps de la visite.

Pour peu, on se croirait au supermarché plutôt que dans un espace d'art, d'autant que des étals vides, recouverts de gazon artificiel, sont disséminés à travers tout le hall : il s'agit de Market, la première installation de Landy dans les années 90, paradoxalement dénuée de toutes marchandises.

Fasciné par la destruction

Dans cette société qui veut accumuler et posséder les biens, Michael Landy s’intéresse au phénomène inverse : le recyclage et la destruction. Lorsqu’il était étudiant, il a découvert le travail de Jean Tinguely, et son Homage to New York, une machine vouée à s’auto-détruire. Il répète cette performance à travers de grands dessins en noir et blanc, à l’aide de liquide correcteur, de colle, de décolorant et d’encre de chine.

Après la destruction, place à la déconstruction avec une série sur les saints et les martyrs réalisée entre 2010 et 2013. Les toiles, à la fois baroques et surréalistes, sont composées d’images qui flottent sur la toile : bustes, crânes, auréoles, angelots, croix, engrenage de roues, flèches qui transpercent les corps …

L’artiste, qui aime surprendre le spectateur, rejoue la mort de ces martyrs à travers des sculptures géantes et animées : oui, on peut frapper Saint-Stéphane avec un sabre ou obliger une gente dame à s’arracher une dent avec une pince, en mettant en branle le mécanisme.

Un manifeste anti-consumériste

Après le bruit etla fureur, on finit l’exposition dans un espace virginal et un calme olympien, avec des dessins de plantes capables de pousser sur l’asphalte signifiant un nouveau départ.

Elles font face à l’acte le plus jusqu’au- boutiste de Landy : la destruction de tous ses biens, de sa paire de Reebook jusqu’à son certificat de naissance. Cet inventaire s’affiche sur un grand mur blanc qui fait office de manifeste anti-consumériste : renoncer pour mieux recommencer.