Lutter contre le surpoids avec l'IPCO à Mulhouse

Manger moins. Bouger plus. On connaît tous le slogan, mais on n’arrive pas tous à le mettre en pratique, puisque 32% de la population est en surpoids en France. Le chirurgien Sébastien Kolmer, qui a fondé l’Institut de Prise en Charge de l’Obésité (IPCO) à Mulhouse, nous explique comment lutter contre cette maladie, quand toutes les tentatives de régime ont échoué.
En France, 32% des adultes sont en surpoids et 15% présentent une obésité1. C’est un peu plus en Alsace, deuxième région la plus touchée par ce fléau, et les chiffres inquiètent les spécialistes : « L’obésité morbide, avec un IMC supérieur à 40, a augmenté de 108% ces 8 dernières années en Alsace. La plus grande augmentation concerne les enfants, or quand on a du surpoids à 13 ans, on va garder ce problème à l’âge adulte dans 90% des cas », informe le docteur Sébastien Kolmer, spécialiste de la chirurgie bariatrique (du poids) et à l’origine de l’Institut de Prise en Charge de l’Obésité (IPCO).
Pour ce médecin, il y avait urgence à créer un institut de ce genre pour remédier aux problèmes de « l’homme 2.0 », comme il l’appelle, qui mange trop et ne bouge pas assez : « Après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu deux inventions dans un délai très court. Le premier, c’est l’invention du gras et du sucré, des produits industriels développés indépendamment des besoins humains. Aux États-Unis, si on prend un menu standard dans un fast food, on a une ration journalière de 1 800 calories, ingurgitée en 10 minutes : cela n’a aucun sens physiologique. Le second, c’est l’invention de la télé, de l’ordinateur, d’Internet, du smartphone qui nous sédentarise. Un Français moyen passe 75% de son temps libre devant un écran ! ». Aujourd’hui, il est donc très facile de consommer plus de calories qu’on en a besoin, et pourtant les chiffres font réfléchir : 200 calories de trop par jour reviennent à prendre 3 à 4 kg par an !
L’IPCO, l’un des rares instituts en France à prendre en charge le surpoids de A à Z, de la diététicienne au kinésithérapeute, du tapis de course à la chirurgie, propose un suivi médical de 4 mois, extensible à un an. Il suit plus de 400 personnes et en opère un peu moins de 300 par an : « Le poids d’une personne est lié à une balance énergétique : ce que je fais entrer et ce que je fais sortir. Ce n’est pas seulement ce que l’on mange et ce n’est pas simplement une question de volonté », souligne le docteur.
Premier objectif : changer les habitudes alimentaires des personnes en surpoids qui ont un « schéma de vie caricatural » : je ne mange pas le matin, je saute le repas du midi ou j’avale un sandwich en vitesse, mais je me rattrape le soir. « C’est à 17h que ça se passe : retour à la maison, tout le monde m’attend, y compris l’industriel qui vend ses produits à la télé. J’ai mangé peu, mais j’ai brûlé beaucoup de calories, donc je suis en déficit : j’ai faim. Je consomme alors 80% des calories de la journée entre 17h et 22h, à un moment où je n’en ai pas besoin. Je vais donc les stocker, mettre plusieurs heures à faire et éliminer ce stock, qui va être redistribué les jours suivants. Comme je répète ce schéma tous les jours, j’augmente mon déséquilibre alimentaire », analyse Sébastien Kolmer. Pour le patient, il s’agit d’inverser la vapeur : manger quand il n’a pas faim et quand il brûle des calories, pour éviter la phase de stockage.
Évidemment, ce qu’il y a dans l’assiette compte également, et surtout les quantités qu’il y a dans l’assiette. Et là, pas de miracle : il faut privilégier les fibres et protéines peu caloriques qui rassasient : « Manger 2 kg de brocoli vous coupe 20 fois plus l’appétit que manger un paquet de chips de 100 g, pour le même nombre de calories. De plus, comme le paquet de chips est petit, j’ai l’impression de ne pas avoir mangé assez, donc j’en ouvre un deuxième », ajoute le docteur. L’idée est donc de mettre en place une routine, pour manger un peu moins tous les jours tout en ayant moins faim et donc moins d’envies.
Mais changer son alimentation ne suffit pas. Il faut aussi faire une activité physique, comme le suggère la salle de sport, avec tapis de course, installée au cœur de l’IPCO. Car si notre organisme brûle 75% des calories en continu, il reste 25% à éliminer via la pratique sportive. « On a choisi la marche et la course car ce sont les deux seules activités que l’on n’a pas besoin d’apprendre. La marche est extrêmement efficace, elle mobilise les gros muscles parce que je porte mon poids en marchant. Même quand je ne suis pas vraiment sportif, je peux brûler 50 à 100 calories par jour si je marche une demi-heure à une heure. Quand j’ai moins de poids, je peux passer à la course, trois fois par semaine : là, je commence vraiment à brûler des calories », informe le médecin.
Sur le papier, le projet est bien joli, mais est-ce que ça marche ? « Les gens suivis perdent 10 à 15% de leur poids initial, en ne modifiant pas beaucoup leur vie. Chez certains, la perte est de plus de 15%, mais uniquement parce qu’ils deviennent sportifs. On a fabriqué des marathoniens ici, des gens qui ont perdu 70 kg », revendique le médecin. Et de conclure : « La stratégie de manger moins pour perdre du poids fonctionne à court terme, mais la stratégie de brûler des calories est plus efficace à long terme. »
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