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Festivals d'été : la concurrence de plus en plus rude

En été, pas un jour sans son festival ou presque... Si le spectateur a donc l'embarras du choix, cette donne complique aussi la tâche des programmateurs de festival pour qui la concurrence est de plus en plus rude...

Si vous attendez fébrilement les festivals d'été, vous aurez sans doute remarqué que les premiers noms tombent de plus en plus tôt. Et pour cause, la concurrence est rude, avec des festivals, petits ou grands, qui fleurissent un peu partout dans nos contrées. Rien que dans le Haut-Rhin, deux petits nouveaux débarquent : le Reggae Festival en juin au parc Expo de Colmar avec une affiche de rêve (Tiken Jah Fakoli, Patrice, Dub Inc...) et Lucelle sonore en juillet avec une affiche non moins alléchante (Raphaël, Joyce Jonathan, Moonraisers...)

Les festivals d'été, rendez-vous immanquable pour beaucoup de mélomanes © Natacha Wandoch Les festivals d'été, rendez-vous immanquable pour beaucoup de mélomanes

Les gros festivals contre-attaquent, à l'image de la Foire aux Vins à Colmar qui annonce les premiers noms dès décembre : « La conjoncture financière est difficile et nous sommes un des festivals les plus longs de France avec 11 soirées. Les concerts peuvent peser lourd dans le budget d'un ménage. En mettant en vente nos concerts pendant 6 à 7 mois, les gens peuvent étaler leurs paiements », indique Christophe Crupi, directeur du Parc Expo.

La Foire aux vins n'est pas l'événement qui a le plus de soucis à se faire : elle est ancrée depuis 65 ans sur le territoire, atypique avec sa foire aux vins en journée accueillant 350 exposants et ses têtes d'affiche en soirée. Elle a ainsi battu un record l'année dernière en attirant près de 255 000 visiteurs. Cristophe Crupi reconnaît que la Foire aux vins a des avantages que les autres n'ont pas : « Nous avons une clientèle spéciale foire qui ne va pas habituellement dans les salles de spectacle et qui va venir voir son seul concert de l'année pendant la foire».

Des spectateurs plus exigeants

Pour les festivals purement musicaux, la concurrence est accrue, comme tend à le démontrer la baisse de fréquentation des Eurockéennes l'année dernière, tombée à 80 000 spectateurs contre 100 000 les bonnes années. Pour mieux identifier les festivaliers et leurs attentes, une étude sociologique a été réalisée. D'un âge moyen de 28 ans, avec des jeunes actifs et des classes populaires bien représentés, ils plébiscitent le rock et la pop, aiment l'électro et la chanson. Ils apprécient moins le métal, le rap, le hip hop, et la musique classique. « Il y a une extraordinaire fragmentation des goûts, ce que les sociologues appellent le nouveau individualisme. Dans notre questionnaire, il fallait choisir entre une dizaine de styles musicaux, mais la case « autres » a eu plus de 50 occurrences. Par exemple, le festivalier ne va pas dire qu'il aime le rock mais l'indie rock anglais », explique Emmanuel Négrier, chercheur au CNRS, auteur de cette étude.

Le dure loi du programmateur

Et c'est là où la tâche du programmateur est extrêmement compliquée : satisfaire le maximum de personnes tout en restant fidèle à sa ligne esthétique. Pour (re)conquérir le public, les programmateurs des Eurockéennes ont décidé de signer des groupes très énergiques pour un festival qui promet d'être très dansant et rentre-dedans. Ils voient tous les groupes sur scène, n'hésitant pas à aller jusqu'à Austin au Texas pour s'enquiller 60 concerts dans le plus gros festival indé de la planète. Et tenter de dénicher la perle rare : « On essaye d'avoir les groupes avant qu'ils soient inabordables. Cette année, on croit beaucoup en Funeral Party ou Odd Future », commente Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes.

Le directeur artistique de la Foire aux Vins, Claude Lebourgeois, essaye lui de faire une programmation populaire, misant sur les grands noms de la chanson française et internationale : Yannick Noah, Eddy Mitchell, Ben Harper, Moby... Il fait « son marché » sur place, à la Foire aux Vins, un an à l'avance, puisque la plupart des grands producteurs nationaux et internationaux sont présents. Il établit ensuite une liste de 400 noms, et espère en signer une vingtaine à la fin. Car la date du festival n'arrange pas ses affaires : « Beaucoup d'artistes ne tournent pas en août come Sting, Santana ou Shakira... parce que c'est les vacances. Et plus on avance dans la programmation, plus c'est difficile parce que certaines de nos dates sont déjà complètes. Il y a une grosse part d'incertitudes ! ». D'où l'idée certaines années d'aller chercher des artistes connus qui n'ont pas une actualité très chaude, comme ce fut le cas de Patti Smith ou Alanis Morissette.

Pour parer à ces difficultés de programmation, les gros festivals tentent de s'associer avec d'autres confrères en Europe pour provoquer des tournées de 4/5 dates sur le vieux continent. Ce qui est rendu possible parce qu'ils ont un nom, une histoire et une réputation...On vous laisse imaginer ce qu'il en est pour les festivals plus modestes ou émergents.

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