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Mods and rockers

Vespa contre gros cubes, mohair contre cuir… Au début des 60’s, les bagarres entre mods et rockers marquent l’apparition d’une nouvelle sous-espèce de l’humanité : la jeunesse.

On nous rabâche depuis cinquante ans que les mods, ces barbares, et les rockers, ces sauvages, se sont croisés un jour de mai 1964 sur une plage de Brighton, qu’ils se sont mis sur la tronche, que le sang a coulé sévère et que les policiers ont dû faire preuve d’un héroïsme sans bornes pour sauver la civilisation en péril. A l’évidence, on nous baratine depuis cinquante ans.

Il y eut bien échanges de mandales sur la plage de Brighton. Mais ce n’était pas rockers contre mods, parce que les mods n’auraient jamais risqué leur costume mohair et leurs Chelsea boots à talon biseauté pour une affaire aussi futile… C’était autre chose qu’une baston entre bandes : c’était la jeunesse contre l’establishment politique et médiatique, qui prenait le pouvoir pour la première fois en Angleterre.

Bien mené, solidement illustré, le documentaire Mods vs Rockers dépeint ce mouvement d’émancipation. Il part de Churchill, en état de décomposition, au lendemain de la guerre.

Puis il raconte l’émergence des teddy boys, sorte de dandys à banane, et l’arrivée du rock’n’roll, au milieu des années 50. Dans une société recroquevillée sur des valeurs de vieux (la famille, le travail, ce genre), l’idée naît alors qu’il peut y avoir un temps entre la sortie de l’école et l’entrée dans la vie active. Un temps pour être jeune, c’est-à-dire pour se saper, se droguer et s’abrutir de musique.

Les mods dansent sur du modern jazz, gobent des amphétamines et cultivent l’image jusqu’à l’obsession. Ils s’habillent tout d’abord comme Miles Davis ou Dizzy Gillespie, puis, fascinés par le style européen, veulent la dégaine de Delon ou de Brialy. Certains, les “top faces” se débrouillent même pour fumer des Gitanes et se balader un exemplaire du Monde sous le bras. Les mods, ces snobinards ultimes, veulent être vus. C’est pour cela qu’ils roulent doucement, en Vespa ou en Lambretta.

Evidemment, les rockers ne leur ressemblent pas. Habillés de cuir sur leurs bécanes crasseuses, les doigts noirs et les cheveux gras, ils dérangent par leur négligence et leur sauvagerie quand les mods provoquent par leur éclat. Mais l’objectif est le même. Les rockers, comme les mods, gagnent du temps avant le mariage, les gosses, les responsabilités. Ils inventent la jeunesse, au grand dam des parents, exaspérés par cette chienlit.Sur la plage de Brighton, en mai 64, il n’y avait ni mods ni rockers.

Il y avait d’abord des adolescents décidés à s’en payer une bonne tranche aux dépens de la maréchaussée. Dans Mods vs Rockers, on les voit balancer des chaises, se castagner et cavaler dans tous les sens. Le lendemain, en une des journaux, et bientôt au Parlement, on ne parlera que d’eux. Désormais, on ne pourra plus les ignorer.

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