L'Alsace prise dans la Grande Guerre

Le 1^er août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la Russie, avant de se tourner vers la France deux jours plus tard. Depuis 1871, l’Alsace-Moselle fait partie de l’Empire allemand, mais ses habitants restent très attachés à leur identité française. La région se retrouve alors prise entre deux loyautés, et certaines familles verront leurs membres s’affronter dans des camps opposés.

DR Deux tranchées se faisant face au Vieil Armand (Hartmannswillerkopf)

L’Alsace au cœur du conflit

Sous la bannière impériale des Hohenzollern, la plupart des Alsaciens et Mosellans sont enrôlés dans l’armée allemande, parfois à contre-cœur. Beaucoup savent qu’ils combattront contre la France, à laquelle ils se sentent encore liés. De leur côté, les Alsaciens exilés en France depuis 1871 rejoignent les rangs français et se heurtent à la méfiance de leurs camarades, souvent perçus à tort comme des suspects ou des « Boches ».

Les habitants d’Alsace et de Moselle sont ainsi pris dans une tragédie où le sentiment d’appartenance et le devoir militaire s’opposent, provoquant un profond déchirement familial et identitaire.

Les grandes batailles des Vosges

Les combats en Alsace figurent parmi les plus acharnés du front des Vosges. La région change plusieurs fois de mains au fil des offensives et contre-offensives. Parmi les batailles les plus marquantes : le Ban-de-Sapt (Vosges), la Tête des Faux, le Linge et le Vieil Armand (Hartmannswillerkopf).

• La bataille de la Tête des Faux fit près de 2 000 morts.
• Le Ban-de-Sapt compta environ 4 000 victimes.
• Au Linge, près de 10 000 soldats perdirent la vie.
• La plus terrible reste celle du Vieil Armand, avec plus de 30 000 morts.

Ces batailles de montagne, menées dans des conditions extrêmes, n’offrirent que des gains territoriaux minimes. Les positions restaient souvent figées et la guerre s’enlisait, laissant les pentes des Vosges ravagées.

Le retour de l’Alsace à la France

En novembre 1918, l’armistice met fin aux combats. Le traité de Versailles, signé en 1919, entérine le retour de l’Alsace-Lorraine à la France. Ce retour triomphal, accueillant les troupes françaises en liesse, fut perçu en Allemagne comme une profonde humiliation nationale, annonciatrice de nouvelles tensions à venir.