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Poliakoff, un maître de l’abstraction

Une rétrospective ambitieuse qui suit à la trace la démarche créatrice d’un peintre majeur du XXe siècle...

En dessinant, d’exposition en exposition, l’histoire foisonnante de l’art contemporain, le musée Fernet Branca vogue de courant en courant, parmi ceux qui ont porté artistiquement le siècle dernier. Pour son nouvel événement estival, il explore l’oeuvre de l’un des pères de l’Abstraction lyrique : Serge Poliakoff.
Né à Moscou en 1900, l’artiste russe, devenu parisien en 1923, gagna longtemps sa vie en jouant de la guitare dans les cabarets. Pourtant, sa décision de devenir peintre fut précoce : dès 1929, il suivit des cours afin de parfaire son don pour le dessin et sa technique. Après de multiples hésitations, il abandonna peu à peu la figuration et, à la Libération, bascula définitivement dans l’abstraction. Il participa alors à l’une des aventures les plus exaltantes de l’art du XXe siècle : la naissance de l’Abstraction lyrique. Avec des artistes venus du monde entier, comme Hartung, Schneider, Soulages, Vieira da Silva, Riopelle ou Joan Mitchell, il contribua à faire de Paris la ville phare de l’art abstrait.

Un parcours en 200 oeuvres
Dans ce foisonnement créatif, la peinture de Poliakoff, en affirmant constamment sa singularité, et avec un apparent dépouillement, introduit le spectateur dans un espace illimité, cosmique, dont il peut faire son propre univers. Ce "pouvoir magique" lui vaut rapidement la reconnaissance de ses contemporains, qui ne se démentira jamais par la suite. «Voir des toiles de Poliakoff est une expérience décisive, en ceci que la vision, c’est-à-dire le rapport au quotidien, s’en trouve modifiée. Autrement dit, il y a, pour toute histoire individuelle de la vision, un avant et un après Poliakoff», estime l’historien et critique d’art Gérard Durozoi, qui note surtout «la richesse chromatique et l’invention formelle ininterrompue de cette peinture».
La rétrospective présentée au musée Fernet Branca , à travers des peintures, gouaches et gravures, s’attache à illustrer la démarche créatrice de Poliakoff tout au long de sa carrière, les quelque deux cents oeuvres rassemblées déroulant un parcours allant de 1930 à 1969, pour se terminer sur une peinture inachevée. Le spectateur est alors directement le témoin des recherches des débuts, de la figuration à l’abstraction, avec les retours en arrière chargés de doute qui caractérisent le cheminement de Poliakoff, avant la révélation de la plénitude de son art, au détour des années cinquante. L’occasion aussi de constater à quel point son oeuvre ouvre toujours de nouvelles perspectives, malgré l’austérité des moyens employés. Et de regretter que le sort ait brutalement interrompu un dialogue où, peut-être, l’essentiel n’avait pas encore été dit.

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