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Vinyle : une renaissance inattendue

  • 13 Passage du Théatre à Mulhouse, | Mulhouse

Ceux qui ont balancé tous leurs vinyles s’en mordent les doigts aujourd’hui : le vinyle est redevenu tendance. On est allé voir Pascal May de la Troccase, seul disquaire indépendant de Mulhouse, pour comprendre les raisons de cette renaissance.

Le vinyle, cet objet qu’on pensait d’un autre temps, détrôné par le CD dans les années 80 et le numérique depuis les années 2000, résiste tant bien que mal.

Vinyle : une renaissance inattendue DR Vinyle : une renaissance inattendue

Aujourd’hui, il reconquiert du terrain avec 3,1 millions de vinyles vendus en France en 2017 (+56%) et 145 000 platines écoulées (+49%) selon le SNEP (Syndicat National de l’édition Phonographique).

Une croissance insolente qui ne doit pas faire oublier que le vinyle part de très bas, avec des ventes qui ont plongé dans les années 90 : « C’était l’époque où les gens se débarrassaient de leurs vinyles pour rien. On a vu des gens qui ont tout vendu en vinyle pour tout acheter en CD et qui maintenant rachètent tout en vinyle », souligne Pascal May, gérant de la Troccase, seul disquaire indépendant encore ouvert à Mulhouse

Retour aux sources ou effet de mode ?

Chez ce disquaire, on a toujours vendu des vinyles, mais on en vend un peu plus depuis les années 2010 et notamment le Disquaire Day lancé par le Calif (Club action des labels indépendants français). Il y a les habitués qui n’ont jamais jeté leur platine, et les nouveaux convertis surtout chez la jeune génération : « C’est difficile de faire la part des choses entre un retour aux sources et l’effet de mode. On a une clientèle qui s’est mise vraiment au vinyle, une autre qui vient parce que c’est à la mode. Un gamin, un CD à 7€, il s’en fout. Mais un vinyle à 25€, il va l’acheter », commente Pascal May. « Selon moi, c’est un phénomène très bobo et très urbain. J’écoule sans problème des vinyles à Strasbourg, mais dès qu’on s’éloigne des grandes villes, ça marche moins bien », déclare un représentant de chez Sony, de passage dans la boutique de Pascal May.

« Un rapport plus sacré à la musique »

Comment expliquer ce regain d’intérêt ? D’abord, pour la qualité d’un son qui n’est pas compressé : « Le gamin qui écoute des MP3 et passe au vinyle découvre des instruments de musique, des sons de guitare, qu’il n’entendait pas avant », affirme Pascal May.

Autre explication : le plaisir de l’’objet que l’on peut tenir dans la main : « Avec le vinyle, il y a un rapport plus sacré à la musique, le respect de l’œuvre de l’artiste, poursuit le disquaire. Les artistes des années 70 faisaient leur disque dans un ordre précis ; il n’y avait pas de lecture aléatoire…Il y a aussi tout un rituel derrière : prendre la pochette, mettre le disque en place, se relever au bout de 20 minutes pour le changer… Il nécessite une écoute attentive alors que le MP3, c’est de l’écoute passive. Le mec a 10 000 morceaux dans son MP3, et en écoutera peut-être une centaine… »

Des prix en hausse

Évidemment, ce regain d’intérêt pour les vinyles n’est pas passé inaperçu chez les majors qui repressent leur catalogue, et surtout les classiques du rock très demandés : Beatles, Rolling Stones, Pink Floyd, Led Zeppelin, Nirvana…

Ils préfèrent évidemment des rééditions de luxe vendues plus cher : « Le gros problème, ce sont les prix qui augmentent à cause des distributeurs et des majors qui veulent compenser la chute des ventes de CD, alors que le disquaire indépendant pratique la même marge. C’est le serpent qui se mord la queue. Ils ressortent le Legend de John Lennon avec des inédits à 30€ : par rapport au prix du CD, c’est pas justifié. Il y aura du disque cher, du disque pas cher, et entre les deux plus rien », déplore Pascal May.

Mais ce qui fâche vraiment le disquaire indépendant, ce sont les opérations commerciales « vinyles à 10€ » chez les grands distributeurs : « Voir un vinyle à 10€, ça me fait mal. Ils vendent à prix coûtant pour ramener des gens en magasin pour acheter un smartphone ou un appareil à raclette, et pour contrer le réseau de disquaires indépendants. Moi, je ne peux pas lutter contre ça, je vends pas d’appareil à raclette, je suis là pour donner des conseils et essayer de vivre décemment de ma passion », déclare-t-il.

Chez lui, pas d’opération de ce type mais des occasions : « Si je ne faisais que du neuf, je serais mort depuis longtemps ! »

Renseignements

13 Passage du Théatre à Mulhouse, 68100 Mulhouse

03 89 45 14 74

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