Esprits animaux

Cette exposition réunit trois approches singulières de la figure animale :

?dans une représentation fantastique et onirique, avec pour décor la Cathédrale de Strasbourg (Jean-Luc Braesch) ;

?comme source de rêverie animiste et de questionnements sur les limites du vivant (Jeanne Charton);

?comme interpellation au sujet de l’urgence environnementale et de la précarité du vivant (Sophie Larroche).

L’exposition d’AIDA Galerie

Jean-Luc Braesch (peinture)

Revenu à Strasbourg après toute une carrière de graphiste à Paris, son imagination investit notre Cathédrale et s’enflamme à la vue de sa richesse statuaire. C’est ainsi qu’il présente pour cette exposition une série de peintures inspirées par le monument et ses statues : bestiaire familier ou fantastique, gargouilles grimaçantes ou gracieuses, figures bibliques ou fabuleuses, c’est tout un peuple de pierre qui ne semble demander qu’à prendre vie. Sa brosse se plaît à ranimer et redonner leur chair et leur couleur à ces figures de pierre, à confronter ces créatures en grès des Vosges à une faune bien vivante et à camper des animaux tout frétillants de vie aux quatre coins de cette arche de pierre. Tout ceci dans un style parfois en écho lointain à l’esthétique du symbolisme ou du surréalisme, à la fois animé et narratif, portant des accents tantôt fantastiques, tantôt ironiques ou comiques.

Jeanne Charton (volumes)

Sa pratique artistique se traduit par la valorisation et l’utilisation de volumes singuliers, tels que crânes d’animaux et bois flottés. Elle leur apporte un décor réalisé à la peinture acrylique, la plupart du temps inspiré du monde végétal et des arts premiers, en particulier les arts aborigènes, mais pouvant également faire usage d’autres motifs d’inspiration diverse.

Pour cette exposition, elle a notamment apporté des crânes d’animaux portant un décor à l’apparence d’une écorce de bouleau. Leur volume s’efface étrangement sous cette livrée, et disparaît sous le déguisement végétal que réalise l’artiste. Elle a également apporté des bois flottés peints, et notamment une pièce où elle donne à ce végétal, déjà transformé par le temps et par son séjour dans l’eau, un déguisement animal. C’est bien de fusion qu’il est ici question, au sens animiste du terme. Ce qui fait surgir l’inévitable questionnement, très actuel, au sujet de l’indistincte continuité allant du vivant au non vivant et de l’animal au végétal.

Sophie Larroche (sculpture)

Elle présente ici une sélection de ses modelages de figures animales en terre cuite patinée, dans un style tout à fait figuratif. D’un côté, les figures animales qu’elle réalise peuvent apparaître dans la plénitude de leurs formes, passant pour cela par la simplification et la stylisation des lignes afin de magnifier la dimension volumique de chaque sujet. Dans ce cas, elles apparaissent comme un hommage apaisé rendu à un monde animal perçu comme intemporel. Elle réalise de plus en plus, d’un autre côté, des figures dont les volumes semblent comme creusés jusqu’à l’os, le travail privilégiant l’expression vive et nerveuse de l’attitude ou du mouvement. Dans ce cas, les figures ne sont plus représentées qu’en partie, évoquant la vivacité de l’esquisse. Ici, le regard sur l’animal est sur le qui-vive, plus inquiet et plus interrogatif, évoquant l’urgence climatique et environnementale ainsi que la précarité du vivant.

AIDA Galerie

Elle est la galerie d’art de l’Association des Artistes Indépendants d’Alsace (AIDA). Sa vocation principale est la diffusion artistique des travaux réalisés par ses membres. Plus ponctuellement, elle organise de grandes expositions collectives « hors les murs » dans les villes alsaciennes, participe à des échanges avec d’autres associations d’artistes hors d’Alsace (par exemple en Pays de Bade ou en Lorraine) ou accueille les expositions d’artistes invités. AIDA Galerie organise dans ses murs chaque année plus d’une vingtaine d’expositions.

L’AIDA

L’AIDA (Association des Artistes Indépendants d’Alsace) est la plus ancienne association d’artistes d’Alsace en exercice. Ses origines remontent aux années 1900. Elle compte aujourd’hui une centaine de membres environ, tous artistes des arts visuels, vivant et travaillant en Alsace ou en lien avec cette région. Les ateliers des artistes de l’association sont répartis dans toute l’Alsace, si bien qu’on peut dire que l’AIDA est un animateur de la vie culturelle régionale.