Identités plurielles

Quatre artistes polonais et alsaciens d'origine polonaise confrontent leurs œuvres et leurs visions de l'identité au Musée des Beaux-Arts de Mulhouse.

D’un côté, quatre artistes polonais de Cracovie. De l’autre, quatre artistes alsaciens d’origine polonaise. L’occasion de croiser les regards sur son identité, forcément plurielle, d’où le titre de cette exposition aux Beaux-Arts de Mulhouse. « C’est intéressant de voir le travail des enfants d’immigrés polonais - moi, je suis de la 3e génération, je ne parle pas la langue, je suis imprégné de la culture alsacienne, à la fois française et germanique - et de mettre ça en rapport avec des Polonais qui ont vécu sous la domination du grand-frère russe, qui peut protéger ou donner la fessée », éclaire Daniel Dyminski, peintre de grands formats sur l’humanité.

De l'individu à l'humanité...

L'identité, un sujet vaste s'il en est, qui peut recouvrir le domaine du très intime comme chez Grzegorz Bienias et Chéni qui se penchent sur les fondements de la personnalité. Chéni a ainsi réalisé une installation qui plonge le visiteur dans le noir et pose des questions fluorescentes et pertinentes...Il a réalisé aussi des œuvres chargées de symboles ayant pour support… un tiroir. «On met dans des tiroirs des souvenirs souvent insignifiants mais qui ont une forte charge émotionnelle. C’est l’idée de traces, de mémoire, de ce qui reste quand le temps passe », souligne l'artiste.

L'identité, ce peut être plus narcissique, comme le montre le travail des deux photographes Janusz Leśniak et Christian Glusak. L'un fait apparaît son ombre dans tous ses clichés quand l'autre recherche dans son propre visage les traits de ses ancêtres. « Mon seul lien avec la Pologne, c’est mon nom et les souvenirs de mes grands-parents que j’ai vu très peu et dont je n’ai pas de photo. Je me suis donc pris en photo et j’ai ajouté des traits qui pouvaient me rappeler mon grand-père ou ma grand-mère : je voulais les recréer quelque part. J’ai eu beaucoup de mal au début parce qu’il faut déjà s’accepter soi-même », explique Christian Glusak.

L'identité, ce peut être aussi la transmission familiale, thème cher à Teresa Żebrowska qui peint des portraits de famille, des membres parfois proches, lointains ou même inconnus : « Ce qui m’a inspiré, c’est le côté multiculturel de ma famille, et le côté individuel de tout un chacun. Il est difficile de trouver sa véritable personnalité sans prendre en compte cette histoire familiale. C’est comme un bagage que l’on porte tous les jours en soi », confie l’artiste. Lucienne Smagala nous fait elle entrer dans l’atelier de couture de sa mère, envahi par des toiles représentant des patrons et par des bustes de couture. « C’est un travail tout nouveau pour moi. Je suis partie de mon histoire personnelle pour arriver à quelque chose de conceptuel. Je me suis inspirée du patron pour en faire un symbole de la construction identitaire : il y a des liens qui se croisent, se décroisent, vont dans la même direction ou pas…C’est un peu la topologie de ce qui nous construit en tant qu’individus. »

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