Kem Lalot, chasseur de tête pour les Eurockéennes

Kem Lalot est une oreille en alerte constante. Programmateur pour le festival des Eurockéennes à Belfort et le festival GéNériq, il va dénicher les nouveaux talents jusqu’au bout du monde.

Article écrit en 2013

Qu’est-ce qui fait courir un programmateur ? L’envie de décrocher LA tête d’affiche, de dénicher LA perle rare, de présenter LA sensation du moment. Sans doute un peu de tout ça, c’est pourquoi Kem Lalot coure beaucoup. Il écume les salles et les festivals de France et de Navarre, comme les dernières Transmusicales à Rennes, où il a repéré O.Children, groupe anglais de post-punk qui lui a mis « une grosse claque » et qu’il a programmé au Grillen en mars à Colmar pour le festival Supersounds qui lui a donné carte blanche. Mais sa Mecque à lui se trouve à Austin, Texas, un des plus grands rassemblements de musique indépendante au monde : « Je suis assez friand d’y aller, parce que c’est vraiment de la découverte, on voit les nouvelles sensations qui vont exploser dans l’année. C’est là-bas que j’ai vu la première fois Amy Winehouse ou Arctic Monkeys », témoigne-t-il.

© Sandrine Bavard Kem Lalot est depuis 13 ans programmateur aux Eurockéennes de Belfort

6 ans au Noumatrouff

Originaire de Belfort, Kem Lalot a commencé sa carrière de défricheur dans une association locale en programmant dans des bars, puis il a pris les commandes artistiques du Noumatrouff pendant 6 ans. Lui-même musicien au sein du groupe de rock Well Spotted qui tourne alors en France, il emmagasine les rencontres et se fait son carnet d’adresse. Mais pour être un bon programmateur, il faut plus que cela, il faut de l’audace : « J’ai enfoncé des portes. On a fait venir Fugazi à la salle des fêtes de Kingersheim, un groupe qu’on rêvait d’avoir depuis des années. On a fait venir Claw Finger au Noumatrouff, un groupe énorme en Allemagne que beaucoup attendait », se félicite le programmateur.

En 2000, il est débauché par les Eurockéennes de Belfort. Changement d’échelle : trois jours de programmation, un site qui accueille aujourd’hui 4 scène et jusqu’à 30 000 festivaliers par jour, un budget avec six zéros derrière. Et donc plus de pression : « Dans une salle, si on se rate sur une semaine ou un mois, on peut rectifier le tir. Sur un festival qui dure 3 jours, on ne peut pas se rater. Comme il est hyper généraliste, la difficulté est de contenter tout le monde. On subit également une forte concurrence : on compte 30 festivals en Europe le même week-end que les Eurocks. » Qu’est-ce qui fait la différence ? Le site magnifique du Malsaucy avec son lac et sa verdure. La notoriété du festival qui s’est taillé une bonne réputation en 25 ans. L’accueil chaleureux des artistes.

Eurocks : un jour de rab

Cette année, le challenge est encore plus fort. Les Eurocks qui fêtent leur 25 ans ont décidé de rallonger la fête avec 4 jours de programmation du jeudi au dimanche. « A chaque fois qu’il y a eu une tentative sur 4 jours, en 1992 et en 1999, ce ne fut pas une réussite. Mais ce n’est pas le même contexte aujourd’hui, ce 4e jour est englobé dans le festival : au lieu d’avoir une vingtaine de groupes par jour, nous en aurons une douzaine. Mais on n’est pas inquiet : ce qui nous a mis la puce à l’oreille, c’est de voir le nombre de gens qui débarquent dès le jeudi au camping, ils étaient 8000 personnes au taquet l’an dernier ! »

Blur, un succès annoncé

Pour l’instant, les festivaliers sont déjà échauffés par la venue de Blur le dimanche 7 juillet : « C’est un groupe majeur de la pop, avec une date exclusive en France. Damon Albarn, son leader, est très intéressant et mène des projets étonnants, que ce soit avec Gorillaz, The Bad, the Good and the Queen, avec des musiciens maliens… Il a baigné l’enfance des festivaliers et c’est d’ailleurs le plus fort démarrage en termes de ventes du festival depuis le début des Eurockéennes. » De quoi préparer sereinement la suite des événements.