Romain Cogitore, un réalisateur précoce

A 15 ans, il se prenait de passion pour la photo. A 17 ans, il publiait ses premiers poèmes. A 19 ans, il écrivait son premier scénario. A 25 ans, il réalise son premier long-métrage Nos Résistances, en salle depuis le 5 janvier. Rencontre avec Romain Cogitore, un réalisateur haut-rhinois qui ne perd pas son temps.

Pourquoi avoir choisi de traiter la Seconde guerre mondiale ?

Ce n'est pas un film sur la Seconde guerre mondiale mais un film sur l'adolescence. Je souhaitais montrer comment un jeune garçon devient un homme et raconter les bouleversements qu'il vit : le désir amoureux, le désir sexuel et la question de la virilité... Le point de départ vient de la découverte d'une photographie très forte, représentant 15 garçons en armes, sur laquelle se trouvait mon grand-père. Cette photo dégageait un fort élan d'aventures, un souffle épique, et je me suis dit qu'elle pouvait faire un film.

Romain Cogitore sur le tournage de Nos Résistances, tourné en grande partie dans le massif vosgien © dr Romain Cogitore sur le tournage de Nos Résistances, tourné en grande partie dans le massif vosgien

Vous vous êtes inspiré de ce que vous a raconté votre grand-père?

Mon grand-père m'a raconté la guerre quand j'étais enfant mais je n'ai pas adopté un point de vue historique. L'histoire relate la montée d'hormones chez de jeunes garçons en pleine forêt, et comment peut se mêler le sentiment amoureux et de la chair. Ce ne sont pas forcément les héros que l'on nous a présenté, juste des gamins de 19 ans avec leurs pulsions adolescentes. D'ailleurs, les jeunes dans le film parlent comme ceux d'aujourd'hui, et je me suis inspiré de mes conversations avec mes potes de classes dans ce qu'elles pouvaient avoir de drôles, d'énervantes ou de choquantes. J'aime l'idée de basculer de choses violentes et grossières vers des choses plus poétiques et émouvantes.

C'est votre premier film à 25 ans seulement. Comment avoir autant de recul ?

Je suis jeune mais j'ai neuf ans de route derrière moi. J'ai suivi l'option cinéma au lycée de F. Kirschleger de Munster où l'on apprend dans l'écriture à se détacher du premier degré. J'ai déjà publié des recueils de poésie, réalisé des courts-métrages, dirigé une trentaine de personne... J'ai écrit le premier jet de ce scénario à 19 ans, mais il y a eu beaucoup de lectures et beaucoup de réécritures, qui m'ont permis d'arriver à une maturité plus grande. Ce scénario a grandi en même temps que moi.

Vous avez tourné ce film en Alsace ?

Il a été tourné en 2009 en partie dans le massif vosgien, sur la ligne de crête entre la vallée de la Wormsa et les hauteurs de Lapoutroie. J'ai grandi dans ces montagnes et j'ai un fort ancrage dans ce massif vosgien. Il m'intéresse par son côté légendaire comme à l'Etang du Devin, historique avec deux guerres prises de plein fouet, esthétique - c'est un vrai plaisir que de le filmer ! – mais aussi pour les gens qui y habitent. Il s'y passe toujours des choses épatantes. Il y a un côté épique et très cinématographique dans ce massif : il y a de quoi faire des films de guerre, des films fantastiques ou un super western.

Quelles sont vos influences dans le cinéma ?

J'aime beaucoup le cinéma de Francis Ford Coppola dans les années 70 avec Le Parrain ou Apocalypse Now, un cinéma très stylisé et narratif. J'aime aussi le cinéma de Maurice Pialat et notamment Le Garçu, très axé sur les êtres humains et assez âcre. Je cherche à ce que mes films oscillent entre les deux, entre une histoire haletante comme dans un thriller et un cinéma humain en filmant des visages plutôt que des actions. Mes personnages vont vraiment quelque part.

Retrouvez notre critique de Nos Résistances, un film initiatique sur fond de guerre

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