Du 18/03/2014 au 29/03/2014
Du 08/04/2014 au 11/04/2014
D’Eugene O’Neill, mise en scène Guy Pierre Couleau.
C’est un auteur méconnu en France qui a essayé au début du XXe siècle de fonder une nouvelle manière d’écrire le théâtre et qui est le premier dramaturge majeur aux Etats-Unis, qui sera récompensé ensuite par les Prix Nobel et Pulitzer. C’est une circonstance rare de découvrir un auteur d’une telle dimension, qui nous apporte un autre regard sur les mythes fondateurs et les rapports humains.
C’est une grande histoire d’amour qui se finit tragiquement, très cinématographique, comme un mélodrame à l’américaine. O’Neill écrit cette pièce dans les années 20, après la Première guerre mondiale, avant la grande crise de 1929 : il fait à la fois le constat des ravages de la guerre et pressent les catastrophes à venir. Il nous parle de cette nouvelle civilisation, de cette américanisation du nouveau monde, qui prend le dessus sur d’autres plus anciennes, indiennes notamment. A cette époque, on découvre le pétrole, on fonde une industrie galopante, et l’on constate aujourd’hui le un désastre environnemental. C’est exactement ce que dit O’Neill par une métaphore : comment l’homme vit en lien avec la nature et avec la nature qui est en lui.
Oui, c’est une pièce sur la domination et la possession. Mais cette volonté de pouvoir est dépassée par un sentiment amoureux chez Abbie et Eben, et on pense même à un moment que l’amour va l’emporter. Ce qui est intéressant, c’est que les personnages s’affrontent dans un combat qui finit dans une étreinte amoureuse. Il y a une composition très savante de la part d’O’Neill qui a l’art de composer des scènes à deux ou trois personnages qui provoquent une passion charnelle, un érotisme sous-tendu qui se révèlent au fil des pages. Et il y a un petit moment de bascule, qui fait qu’on tombe dans le drame irréversible alors qu’aurait pu être heureux. On est dans la fragilité de la vie humaine.
O’Neill invente un anglais rude, incomplet, fautif, qui dit beaucoup de choses sur l’impossibilité des personnages à s’exprimer, et même d’avoir une vie complète. Je ne veux pas rester dans un parler pittoresque, mais être dans une écriture poétique : cela demande un grand travail d’appropriation et de restitution.
Ces personnages rêvent de partir ailleurs mais restent immobiles face à leur destin et vont même crever sur place. L’horizon n’est pas dégagé pour eux. J’ai donc voulu qu’ils soient à l’intérieur d’un volume pesant. Dans la mise en scène, j’ai choisi l’apparence d’un temple grec, comme dans une tragédie d’Euripide, mais moderne, car O’Neil reprend comme ça des mythes éternels pour écrire un théâtre de son temps. Mais je serai plus proche de l’univers des frères Cohen ou de David Lynch dans Sailor et Lula.
Propos recueillis par Sandrine Bavard
Guy Pierre Couleau, metteur en scène, crée Désir sous les ormes et présente son spectacle à la Comédie de l'Est à Colmar en mars 2014, ainsi qu'à la Filature à Mulhouse en avril 2014.
A noter : Les représentations des Jeudi 20 et 27 mars 2014 à Colmar sont suivies d'une rencontre avec les artistes.
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