Anastasia : le conte de fée d’une jeune femme déterminée

Il y a un tout juste un an, Anastasia, membre des Dessous de la vie, sortait son premier album solo Beau parleur. Depuis, elle a joué en première partie de M, Patrick Bruel ou Jane Birkin. Et elle sera le 20 mars au Relais culturel de Thann.

Sur la pochette de son album, Anastasia fait la moue, histoire de casser l’image de la belle blonde qui chante, histoire aussi peut-être de nous prévenir qu’on entre dans un univers loin d’être lisse. Un monde où l’on croiserait un beau parleur (le titre de l’album), des double-jeux ou des triangles amoureux : « Je n’aime pas les histoires d’amour banales. Certains journalistes ont parlé de sieste crapuleuse pour cet album et c’est vrai que j’aime cette idée », admet Anastasia. Ce sont aussi des histoires de filles vues par un regard masculin, celui de Gaël Muller, auteur-compositeur du groupe Les Dessous de la vie qui s’est séparé cet été, dans lequel Anastasia a chanté et joué de l’accordéon pendant cinq ans.

© Hassna Ouali Anastasia : le conte de fée d’une jeune femme déterminée

Influencée par les voix soul

Pour son projet solo, elle a délaissé l’accordéon pour la guitare : « C’est l’instrument idéal pour s’accompagner à la voix. Je fais de la guitare depuis mes 15 ans. J’ai appris avec un ami cowboy qui m’a appris mes premiers accords dans un style country/blues. Puis j’ai rencontré des musiciens de jazz manouche qui m’ont transmis l’amour du swing », explique-t-elle. Mais ses influences principales sont à chercher du côté de la musique noire américaine, de la grande chanteuse de jazz Billie Holiday à Erykah Badu qui fusionne soul, hip hop, R’n’B : « Cette dernière a beaucoup compté pour moi dans mon développement artistique, elle m’a fait prendre conscience de toutes les possibilités que peut contenir une voix soul » C’est ainsi que sa voix rauque, très enveloppante, jamais agressive, d’un ton parfois badin, parfois gouailleur, se pose parfaitement sur des textes intimes.
On ne cernerait pas parfaitement la personnalité d’Anastasia si on ne parlait pas de sa détermination à faire de la musique sa vie. Née dans une famille de musiciens qui l’a plutôt dissuadée qu’encouragée à faire de la musique un métier, elle a étudié le piano, chanté dans des chorales, suivi des études de musicologie, passé un master en politique et gestion de la culture à Science Po. « La musique, c’est le fil rouge de ma vie. J’ai toujours gardé ce rêve au fond de moi comme si je pouvais gagner au loto », confie-telle. Et quand elle doit enregistrer son premier album, elle joue sa carte avec culot, en contactant directement le chanteur Batlik qui mène sa barque en tout indépendance via son label A Brûle Pourpoint : « J’aime sa musique, ses textes, sa manière de jouer de la guitare et la manière de produire. J’avais envie de comprendre sa démarche : je lui ai demandé d’enregistrer 4 titres qui se sont transformés en 11 titres et un album entier ».

La suite est digne d’un conte de fée : Anastasia remporte le tremplin organisé à Mulhouse par le festival de la chanson française Les Francofolies et se voit propulser en première partie de M devant 10 000 personnes à la Rochelle. « Depuis cinq ans, j’ai travaille d’arrache-pied pour développer mes projets musicaux notamment au sein des Dessous de la vie, et là c’était une grande reconnaissance pour moi. J’étais pétrifiée avant d’entrer sur scène, mais une fois que j’en suis descendue, plus rien ne me faisait peur… jusqu’à la suivante... » La suite ? Patrick Bruel l’invite pour faire sa première partie à la Foire aux vins à Colmar, Jane Birkin lui propose d’ouvrir pour elle à la Rhodia à Besançon. Son agenda se remplit comme par enchantement de dates de concerts.

A côté de ce succès professionnel, la vie personnelle de la jeune femme a été chamboulée. Entre blessure et animosité, elle écrit les prochaines chansons de son album en collaboration avec l’artiste Batlik. Son prochain album sera sous le signe du combat, de la transgression et du rapport qu’ont les hommes et les femmes face à la violence ou face au vide : « Ca se ressentira dans les guitares, avec un jeu plus tiré et arpégé, des harmonies colorisés, parfois un peu tendues, des textes aiguisés et une instrumentation plus épaisse avec chœurs et section rythmique » annonce la jeune femme.

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