Archi-culture : Le Nouveau Bassin au fil des âges

Le Nouveau Bassin, c'est un peu notre Grand Canal local, sans son château ! Clef de voûte du passé industriel de la ville, le Nouveau Bassin et son quartier se sont vus muter au fil des siècles. De la grande époque restent encore des noms, des vestiges dont le quartier s'approprie les codes. Un lieu incontournable à Mulhouse qui appelle désormais à la détente et à la contemplation. >Alix S

Un bassin gigantesque

© Archives Municipales de Mulhouse Le plan du quartier en 1934
 
La construction de la voie d'eau dite du "Nouveau Bassin" en opposition avec le "vieux-bassin", qui se trouvait alors devant la gare de Mulhouse, allait donner un nouveau souffle à ces terrains inoccupés appartenant à la Ville de Mulhouse. C'est en 1871 que la Ville s'engage à construire le Nouveau Bassin pour le compte de l'État, érigé selon les plans de M.Th. Jundt, ingénieur des ponts et chaussées.

Le Nouveau Bassin est ouvert au trafic en 1873 pour être totalement achevé en 1876. Alimenté par l’Ill qui resurgit à cet endroit et par le canal du Rhône au Rhin, il connait un tel succès qu’un tramway est mis en service en 1882 pour acheminer le charbon vers les premiers établissements industriels mulhousiens se trouvant dans cette zone.
Les dimensions de ce bassin sont plutôt imposantes pour l'époque : 950m de long pour 40m de large. Idéal pour servir de port fluvial et permettre aux péniches et autres embarcations d'accoster et de livrer la houille, un combustible essentiel pour le fonctionnement des industries à cette époque.

Le début du faste industriel

C'est du côté de la rue du Rhin, renommée allée Nathan Katz en 1981, en hommage au poète alsacien décédé, que tout commence. La filature Laederich, spécialisée dans le tissage de laine peignée s'implante en 1883, à l'emplacement actuel de La Filature, la Scène nationale. À la filature Laederich, 779 ouvriers s'affairaient à la production de laine tissée avec une production journalière moyenne de 5 000 kg. De l'autre côté, avenue Robert Schuman, autre grande firme mulhousienne, la société Reber-Schwartz, qui performait également dans la production de laine peignée. Une partie de cette usine existe encore aujourd'hui sous le nom de Superba.

© DR Le Nouveau Bassin en 1899

Déclin industriel et renouvellement urbain

Le déclin industriel s'amorcera brutalement à Mulhouse. D'autres activités trouvent néanmoins leur place aux abord du Nouveau Bassin avec les abattoirs de la ville, jusqu'en 1988 à la place de l'actuel Kinépolis ainsi que la Foire-Exposition de 1934 à 1995. Des bains publics se tenaient également à l'extrémité du Nouveau bassin.

C'est alors le début du renouvellement urbain de cette zone, avec la construction d'ensembles immobiliers, une zone d’aménagement concerté (ZAC). Aujourd'hui c'est plus de 1 100 logements comprenant 2 000 habitants dans 3 hectares d’espaces verts. Un cadre idyllique pour profiter des aménagements autour du Nouveau Bassin. En 2001, une quinzaine d'œuvres d'art sont installées sur les rives du bassin. Ce sont majoritairement des sculptures monumentales d’artistes locaux comme La Grande Ourse, Pégase ou encore Hector, le bouledogue français en fonte.

© DR La promenade Wyler bordée d'œuvres d'art

En constante expansion

La zone est toujours en constante mutation, récemment, de nouveaux immeubles ont été construits sur les terrains vacants, à l'entrée du Nouveau Bassin comprenant des logements, une maison de retraite et des commerces. La ZAC est très dense et offre aux habitants une vie de quartier dynamique entre ville et nature. Côté bassin, les grands platanes viennent ombrager les façades d'immeubles tout en offrant une vue dégagée sur l'eau. Les sportifs, promeneurs et cyclistes peuvent profiter de la promenade William Wyler jalonnée de nombreux bancs invitant à la contemplation.

© DR Le Nouveau Bassin

De jour comme de nuit, le Nouveau Bassin est un lieu de rencontre, d'évènements et de culture artistique. Du tir du feu d'artifice du 14 juillet en passant par des spectacles de Scènes de Rue et bien-sûr la programmation de la scène nationale de la Filature... Rien n'est dû au hasard ! Souhaitons encore une longue vie à ce Nouveau Bassin qui, bien que plus très jeune, continue à nous faire vibrer... Au naturel !