Alors qu’elle revient d’un salon, Julie Camille ouvre ses deux malles aux trésors, présentant ses pochettes et sacs à main en cuir, parfois d’un minimalisme chic comme ces pochettes en forme d’enveloppe, parfois d’un excentrisme mesurée comme ces sacs ornés d’une bande de plumes…
© Sandrine Bavard Julie Camille, fondatrice d'Ephélide maroquinerie, dans son atelier à Motoco« Je ne m’applique pas à avoir un style. Je veux satisfaire toutes les clientèles : les jeunes, les moins jeunes, les classiques, les excentriques…, confie la jeune femme. Au début, je faisais des créations d’après mes propres goûts pour monter de quoi j’étais capable. Maintenant, je fais beaucoup de créations sur demande, soit avec des clientes qui ont déjà une idée précise en tête, soit avec qui j’échange pour savoir ce qu’elles aiment. »
La créatrice d'Ephélide Maroquinerie, qui a toujours été attirée par la mode, a suivi un BEP Mode et industries connexes, touchant à tous les métiers du cuir : maroquinerie, sellerie, ameublement…Elle a enchaîné avec un Bac Pro, artisanat et métiers d’art, explorant le tissu sous toutes ses coutures.
Mais sa préférence allait déjà au cuir : « C’est un matériau noble qui a un toucher, un aplomb, une odeur, une élasticité, qui me convenait mieux, qui est plus manuel. Le cuir a aussi cette propriété que d’autres matériaux n’ont pas, celle de m’imposer des modèles, de me donner des idées», souligne-t-elle.
Pendant 10 ans, Julie Camille a été responsable dans une petite boutique de duty free pour l’armée française en Allemagne. Au gré des mutations, elle entrevoit une porte de sortie et la possibilité de se mettre à son compte, grâce à « un plan social avantageux », épaulée par deux professionnels de la création d’entreprise.
Aux portes de l’Allemagne, c’est donc à Mulhouse qu’elle s' installe à l’été 2013, dans les ateliers de Motoco. C’est là qu’elle imagine ses modèles, réalise ses patrons, découpe ses peaux, monte ses pièces, s’attarde sur les finitions : ces sacs, entièrement faits main, uniques, lui prennent entre 6 et…30 heures !
Evidemment, ce temps passé se ressent sur le coût du produit fini qui affiche entre 150 et 450€ pour les sacs, 20 et 60€ pour des plus petites pièces. « L’artisanat local est plus cher que du made in China, mais les gens consomment mal. Ils se heurtent parfois au prix sans chercher à comprendre le travail qu’il y a derrière. Ma clientèle se compose plutôt de gens qui achètent avec une conscience : ils préfèrent se priver et économiser quelques temps pour d’acheter quelque chose de beau et durable. Si un cuir est bien entretenu, il peut perdurer dans le temps. Je le sais, j’ai moi-même récupéré deux sacs de ma grand-mère en bon état », sourit la créatrice.
Et donc, si on regarde ce qu’il y a derrière l’étiquette, on découvre que ce coût s’explique par l’origine du cuir, acheté dans des tanneries françaises : « Le cuir français est très cher, mais je refuse d’acheter des peaux trois moins chers à l’autre bout du monde avec des gens qui ont les pieds baignant dans le chrome ! Les doublures proviennent quant à elle des chutes de tissus d’ameublement », précise l’entrepreneuse.
La maroquinière pousse l’éthique encore un peu plus loin : « Je travaille essentiellement le veau, la vachette et l’agneau. Je n’aime pas particulièrement travailler les peaux exotiques, parce que cela induit des conditions d’élevage qui me dérangent. La vache, je sais qu’on va la manger, alors que le crocodile ou le galuchat, non. »
Comme dans tous les métiers d’art et d’artisanat, Julie Camille apporte un grande soin à la qualité. Sa marque de fabrique ? La minutie apportée aux finitions : « Les clients me font parfois la remarque, que je prends pour un compliment, qu’ils ont l’impression que c’est fait de façon industrielle. Quand on vend un sac 300€, j’estime que le produit doit être irréprochable. »
Pour pérenniser son activité, la créatrice souhaite désormais se rattacher à une pépinière d’entreprise, se lancer dans la petite série et développer une nouvelle collection pour hommes (portefeuilles, ceintures, sacoche…) Pour l’heure, la créatrice vend ses produits à La Vitrine à Mulhouse et sur le site A little market sur internet, mais pourrait bientôt se rapprocher d’autres commerçants mulhousiens et colmariens pour gagner en visibilité.
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