Le FRAC Alsace a 30 ans

L’ensemble des FRAC - Fonds Régionaux d’Art Contemporain - en France fêtent leurs 30 années d’existence cette année. Particularité culturelle française, les FRAC ont une triple mission : soutenir, diffuser et sensibiliser le public à l’art contemporain.
Par Mike Obri

L’art contemporain n’a pas toujours bonne presse auprès des publics non-initiés, il faut bien l’avouer. Le concept « mon gamin pourrait faire pareil » a la dent dure. En 1982, le Ministère de la Culture, emmené par Jack Lang, décide de créer des Fonds Régionaux d’art contemporain. Objectif : se doter d’une collection publique d’oeuvres actuelles afin de pouvoir les montrer à un large public. Les FRAC étaient nés. Ils sont répartis un peu partout sur l’ensemble du territoire français. En Alsace, les locaux du FRAC sont situés à Sélestat. Ils comportent des bureaux, un gigantesque espace de stockage des oeuvres de plus de 1500m² et un hall d’exposition, qui a peu ou prou la même fonction qu’un musée traditionnel.

Olivier Grasser est le directeur du FRAC Alsace. Il nous explique sa démarche et les actions qui seront menées en 2013 pour les 30 ans de cette institution : « En 1982, un FRAC c’était un téléphone et un petit bureau. Aujourd’hui, l’ensemble des Fonds Régionaux du pays constituent la 3ème collection d’art contemporain de France. Les FRAC travaillent à l’échelle régionale principalement, en diffusant les oeuvres achetées dans différents espaces d’exposition, mais exportent également leurs collections à l’échelle nationale, et même internationale, puisqu’en 2014, deux expos aux Pays-Bas et à Singapour sont prévues. » Le FRAC Alsace, c’est environ 1000 oeuvres achetées à 470 artistes du monde entier (et donc pas uniquement aux artistes régionaux). Ces oeuvres, tableaux, installations, sculptures ou encore vidéos voyagent et sont montrés dans des lieux divers et variés, comme des médiathèques ou des lycées.

Un Elsass Tour pour célébrer 30 ans de circulation d'oeuvres contemporaines

« Environ un tiers de la collection est constamment à l’extérieur, prêté à des espaces d’exposition. C’est une collection publique : elle doit donc refleter des lectures du monde, des formes et des styles différents, être aussi diversifiée que possible. C’est un peu un laboratoire d’expérimentations et notre rôle est de veiller à la démocratisation de l’art contemporain... Nous avons 150 000€ de budget annuel afin d’acheter de nouvelles oeuvres. En général, nous en achetons une vingtaine. Un comité se réunit deux fois par an pour débattre de la sélection. Nous surveillons principalement les jeunes artistes, ceux dont le travail n’a pas encore été défriché... Pour l’anecdote, le FRAC Aquitaine communique régulièrement sur l’achat d’un Jeff Koons bien avant que sa cote n’explose sur le marché international », poursuit Olivier Grasser.

Question bête. Peut-on imaginer vendre des oeuvres pour renflouer les caisses ? « Absolument pas. Les oeuvres achetées par le FRAC sont incessibles. Si un jour les FRAC disparaissaient, les collections reviendraient aux Conseils Régionaux », conclut-il.

Pour célébrer ces 30 ans de diffusion de l’art contemporain, le FRAC Alsace met en place l’Elsass Tour, un programme qui propose pendant 14 mois 30 expos et rendez-vous artistiques sur l’ensemble du territoire alsacien, parfois dans des lieux inattendus, de la Cave Vinicole de Ribeauvillé jusqu’à la Fonderie de Mulhouse, en passant par la Fondation Fernet-Branca à Saint-Louis. Chouettos'.