Les passionés de minéralogie

A l'occasion de l'évènement Euro Mineral / Euro Gem qui se tiendra du 23 au 26 juin à Sainte-Marie-aux-Mines et qui rassemble professionnels et amateurs de minéraux et fossiles en tous genres, le JDS est allé à la rencontre de deux passionnés haut-rhinois du genre.

Daniel Doell, le chercheur d'or de Guebwiller

Comment êtes-vous devenu orpailleur ?

Ce n'est pas mon métier, c'est une passion que j'exerce à côté de mon activité professionnelle, mais qui me prend tout mon temps libre. J'ai commencé par de la spéléo, il y a vingt ans, et un jour, avec des copains, j'ai trouvé un caillou qui a piqué ma curiosité. J'ai acheté des livres pour pouvoir l'identifier. Peu à peu, je me suis aussi intéressé à l'or. On en trouve très facilement dans le Rhin. On m'a initié, et aujourd'hui, c'est moi qui initie les jeunes en faisant des ateliers de temps en temps.

La passion semble intacte !

Au lieu de me vautrer devant la télé, je préfère faire mes recherches, que ce soit de l'or, ou des minéraux, les analyser au binoculaire, les classer, les archiver. J'ai plus de 400 ouvrages, rien que sur l'or. On a jamais fini d'en apprendre.

C'est la question que l'on doit vous poser systématiquement. Vous êtes devenu millionnaire ?

Hé non ! Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Pour une journée complète de recherche, en se trouvant sur un coin que l'on sait aurifère, et en étant efficace, on arrive à récolter environ 1/20ème de gramme d'or. Il faut donc 20 jours de travail pour obtenir 1 gramme d'or. Et 1 gramme d'or, ça vaut 35 euros. Le gain n'est pas du tout une motivation.

Moi, ce qui m'intéresse, c'est le côté aventure, et le plaisir de trouver des paillettes d'or systématiquement. L'activité n'est pas vraiment tolérée sur le Rhin, même si on n'utilise aucun produit, et qu'on ramasse tout avec nos deux mains, une battée et surtout du courage ! Il faut passer entre les patrouilles. C'est comme une chasse au trésor. Franchement, on trouve de ces trucs dans le Rhin, parfois... En vendant toutes les « saloperies » que je ramasse – hameçons, bagues, bijoux, et même des cartes bleues ! – je me ferais cent fois plus d'argent qu'avec l'or que je récolte !

Bernard Ottermann, l'exhumeur de fossiles de Bantzenheim

Qu'est-ce qui vous a orienté vers cette passion des fossiles ?

J'ai commencé à l'âge de 25 ans par hasard, avec le club de minéralogie de Rhodia, où je travaillais. Avec trois autres passionnés, on allait régulièrement faire des fouilles dans les carrières de Troyes, en Tourraine et même au Maroc. On partait avec les 4L, et en avant l'aventure.

C'est ce qui me plait dans ce genre d'expéditions : le feu de camp le soir, se raconter nos histoires de fossiles, et puis tenter de trouver la plus belle pièce. C'est un peu comme partir aux champignons ! Mais en Alsace, il n'y a pas grand-chose à exhumer. Il faut pousser jusqu'au Jura pour commencer à tomber sur des morceaux intéressants.

Vous possédez des pièces rares ?

Je ne fais pas que fouiller, j'achète aussi beaucoup de fossiles. Au total, je dois bien avoir dans les mille pièces, mais je ne compte plus, je suis fâché avec les chiffres ! J'ai des os de baleines provenant de la Mer du Nord, des stromatolithes de 400 millions d'années pêchés au Mexique (des roches calcaires où des bactéries se fixaient, soit les premières traces de vie au monde) ou encore une défense de Mammouth dans un état impeccable de près de 3 mètres. Vous voyez ces pierres, qui n'ont l'air de rien ? Ce sont des cacas de dinosaures trouvés dans l'Utah aux Etats-Unis !

Tous les deux ans, je me rends d'ailleurs à la bourse aux minéraux de Tucson en Arizona pour voir ce qu'il y a à dénicher. Et j'ai un stand à EuroMineral depuis plus de dix ans. Sainte-Marie-aux-Mines peut être fière de sa bourse aux minéraux, une des meilleures au monde.

Voir aussi l'article sur EuroMineral / EuroGem 2011